jeudi 14 novembre 2013

Le témoignage de Luc Lemoine, un homme lucide

Québec : demandes d'accommodements racistes/sexistes - un ancien directeur d'école témoigne


Je veux vous raconter quelques événements dont j'ai été personnellement témoin en ce qui touche les demandes d'accommodements de certains membres de la communauté arabo-musulmane. Et ce dans le cadre des fonctions que j'ai occupées au sein de la direction de plusieurs écoles de Montréal.

Je suis retraité du monde de l'enseignement depuis juillet 2009. Je viens d'une famille de 12 enfants dont 7 ont été enseignants ou directeurs d'école, comme moi-même. J'ai une formation d'orthopédagogue et j'ai enseigné au primaire dans des classes spéciales durant 14 ans. Puis j'ai demandé à travailler dans des classes régulières durant 7 ans.  Après 21 ans dans l'enseignement, j’ai occupé des postes de direction dans des écoles de la Commission scolaire de Montréal (CSDM).  J’ai été pendant trois ans adjoint à l'école Félix-Leclerc (450 élèves) dans Côte des Neiges. 4 ans  comme directeur de l'école Notre-Dame-de-la-Défense (300 élèves), dans la Petite Italie. J'ai fini ma carrière comme directeur, à l'école des Cinq-Continents (600 élèves en deux pavillons) dans Côte des Neiges.

J'ai occupé le poste d’adjoint à l'école Félix-Leclerc, située aux frontières d'Outremont, lors des attentats sur les tours du World Trade Center en 2001. Il y avait à l'école une forte communauté arabo-musulmane. Nous avions aussi quelques élèves juifs, en provenance de l'ex-URSS ou de pays de l'Est. La tension était palpable entre ces deux communautés.

Il fallait voir les parents tout autour de la cour d'école, surveiller les enfants pour que les enfants arabes ne soient pas maltraités par les autres ou, pour que les enfants juifs ne se fassent pas intimider par les jeunes arabes. On se serait cru transporté au Moyen-Orient. Comme adjoint, responsable de la discipline, j'ai dû convaincre les parents, un par un, de faire confiance aux surveillants pour maintenir la paix dans la cour d'école.

C'est dans cette école que j'ai vu des parents arabes demander que leur enfant change de classe parce que l'enseignante était une Haïtienne. Naturellement nous n'avons pas accordé cet ‘’accommodement’’. Notre astuce était de demander aux parents de nous faire leur demande par écrit, en énumérant les motifs de la demande de transfert. Aucun n'osait mettre sur papier sa demande à caractère raciste !

Une autre mère arabe exigeait que sa fille reçoive le service du transport scolaire pour se rendre à notre école. Après vérification, je lui ai fait remarquer que jamais sa fille n'obtiendrait ce service car elle habitait juste en face de l'école Bedford. Elle m'a rétorqué que sa fille ne pouvait fréquenter cette école car il s'y trouvait beaucoup trop de Noirs.

Comme nous avions des places disponibles à l’école Félix-Leclerc, j'ai dû accueillir sa fille en lui disant qu'elle serait peut-être assise parmi des petits noirs, même à notre école. Jamais je ne lui ai accordé l'accommodement du transport scolaire.

Pour décongestionner les écoles primaires du quartier Côte-des-Neiges, la Commission scolaire de Montréal construit une toute nouvelle école, l’école Lucile Thysdale, juste à côté de l'école secondaire Lavoie. Pour remplir cette nouvelle école, un territoire a été délimité tout autour, grugeant sur les territoires des écoles primaires voisines.

Nous avions donc la responsabilité d'informer certains de nos parents, que leurs enfants allaient être déplacés vers cette nouvelle école. Voilà qu'un père arabe s'est présenté pour protester de façon intempestive. Il s'adressait à moi, même si je lui indiquais que l'école avait une directrice, -ma patronne-, une personne d'expérience et très compétente à laquelle il fallait s’adresser.

Il n'en démordait pas, il s'adressait à moi, comme si ma directrice n'avait pas existé, alors qu'elle était à côté de moi. Sur un ton vindicatif, sinon irrespectueux, il nous interpellait à haute voix, nous invectivait et nous menaçait. Il exigeait que ses filles restent à notre école. J'ai dû le rencontrer au moins à 3 reprises dans mon bureau. Il nous traitait de racistes qui ne déplaçaient que les "enfants arabes". Je lui expliquais que les déplacements se faisaient en fonction du nouveau territoire, à partir des codes postaux. Bien qu'il ait menacé de poursuivre l'école et la commission scolaire, jamais nous n'avons cédé à ses menaces.

À un moment donné dans mon bureau, alors qu'il répétait ses exigences, son épouse, une femme voilée, a dit quelques paroles. Il s'est tourné vers elle en vociférant : "Tais-toi ! Tu parleras lorsque je te le dirai." Je me suis tourné vers elle, en l'invitant à me dire ce qu'elle avait sur le coeur. Elle m'a exprimé ses sentiments. À partir de ce moment-là, j'ai remis la monnaie de sa pièce à ce monsieur, en ne regardant que son épouse, même lorsqu'il s'adressait à moi !

Une femme d'une gentillesse extraordinaire m'a marqué à l'école Félix-Leclerc par sa bonté, sa générosité et son dévouement. Elle était d'origine tunisienne, mère de deux garçons (8 ans et 11 ans). En arrivant au Québec, son mari a exigé qu'elle porte le voile. Elle a refusé, car elle ne l'avait jamais porté en Tunisie. Après plusieurs chicanes familiales, elle s'est séparée. Elle m'a dit que son ex disait à ses fils que "leur mère était une putain"  parce qu'elle ne portait pas le voile.

J'ai convoqué les deux garçons à mon bureau pour leur dire que leur mère était la meilleure mère du monde ! Que très peu de femmes portaient le voile au Québec et qu'elles n'étaient pas des putains pour autant. Que leur père était très mauvais de parler ainsi de leur mère. Elle allait mourir, quelques années plus tard, suite à un cancer de l'estomac, rongée sans doute par la peine et par les menaces et les insultes de son mari.

Cette dame était une des nombreuses femmes musulmanes (tunisiennes, marocaines, algériennes, libanaises, syriennes) qui ne portaient pas le voile et qui étaient épanouies et bien intégrées à la société québécoise. Quelle ne fût pas ma surprise, un beau jour, de voir une suppléante voilée se présenter pour la remplacer. C'était une Québécoise de souche qui était tombée amoureuse d'un musulman en même temps qu'elle était tombée sous son emprise, de toute évidence. Croyait-elle donner la leçon à toutes ces merveilleuses femmes musulmanes de naissance, qui s'étaient libérées de ce "vêtement" qui n'était en fait qu'un signe de soumission, beaucoup plus qu'un signe de croyance religieuse ?

J'en aurais pour des heures encore à vous écrire des dizaines d'exemples d'accommodements "déraisonnables" dont j'ai été témoin dans mes autres écoles.

Les Québécoises de souche, comme mesdames Françoise David, Christine St-Pierre ou Julie Miville-Dechêne, qui s'opposent à la Charte et à des balises pour mettre un terme aux demandes d'accommodements, soit ne savent pas ce dont elles parlent, soit elles se sont laissées convaincre par des femmes voilées soumises, que c'était suite à un choix personnel libre qu'elles portaient le voile alors que c'est bien plutôt suite à des pressions familiales, parentales, maritales, sociales ou religieuses. Mais aucunement un  choix libre et réfléchi.

Je vous signale 3 contradictions dans le port du voile :

1° Le port du voile serait suggéré aux femmes musulmanes, afin de ne pas attirer l'attention sur elles, par modestie ou par pudeur concernant leurs atouts féminins. Ne réalisent-elles pas que, dans nos sociétés occidentales, comme très peu de femmes sont voilées, c'est en portant le voile qu'elles attirent l'attention sur elles. On les remarque tout de suite dans la rue, dans les parcs, dans les supermarchés, dans les salles d'urgence ou dans les services publics alors qu'on ignore où sont les athées, les bouddhistes et les chrétiennes.

On repassera pour la discrétion.  Surtout lorsque leur voile devient une décoration flamboyante ou un étendard (comme l'invitée de l’émission Tout le monde en parle de dimanche 29 septembre 2013, à Radio-Canada.)

Leur geste est plutôt un geste de provocation, pour affirmer haut et fort leur appartenance culturelle et religieuse islamiques, dans nos sociétés modernes occidentales. Imaginez si à chaque fois que nous croisons une femme voilée, les chrétiens faisaient un signe de croix, pour leur signifier qu'elles vivent dans une société de tradition chrétienne ! Elles en éprouveraient peut- être, à leur tour, un certain inconfort, tout comme nous devant leur voile.

2° Si le voile est porté pour cacher les atouts féminins (chevelure, gorge, nuque fine, poitrine généreuse) pourquoi des petites filles qui ont entre 5 et 11 ans dans nos écoles primaires, portent-elles le voile ?

Que cachent-elles ? Ce serait leur choix libre à 5 ans, 6 ans, 7 ans, 8 ans ou 9 ans, alors qu'elles ne sont pas pubères ? On repassera pour la liberté de choix !

On commence déjà, à cet âge à leur laver le cerveau et à les préparer à être bien soumises, rendues à la puberté.

3° Si c'est un choix libre, pourquoi lorsqu'elles décident de ne pas porter le voile, sont-elles exclues de leur famille ou de leur communauté ? Pourquoi deviennent-elles la cible de menaces et d'intimidation ? Pourquoi certaines, qui veulent vivre à l'occidentale, sont-elles victimes de crime d'honneur ici et ailleurs ?

Vous avez dit choix libre mesdames Françoise David, Christine St-Pierre et Julie Miville-Dechêne. Honte à vous de maintenir vos consoeurs musulmanes sous l'emprise de préceptes religieux obsolètes datant du Moyen-Âge, imposés par des imams machos qui ne veulent surtout pas perdre le contrôle sur  les femmes de leur communauté.

On repassera pour la "libération de la femme" ici et ailleurs.

Source :  Tolerance.ca


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