lundi 17 février 2014

Voile musulman : radicalisation ou mondialisation ?

voile
         
Cet habit interpelle et choque, tel un minaret à Colombey-les-Deux-Églises.
    
Qui peut nier la multiplication des voiles en tout genre dans nos rues ? Notamment la visibilité croissante du jilbab. Cette longue robe partant de la tête pour aller jusqu’aux pieds, ne laissant de découvert que le visage et les mains. D’aucuns affirment qu’il y a, à travers ce mode vestimentaire, le signe d’une radicalisation. Nous devrions donc comprendre que la ferveur religieuse se mesure au spectaculaire de l’habit. En effet, cet habit interpelle et choque, tel un minaret à Colombey-les-Deux-Églises. Néanmoins, dans quelle mesure cette affirmation peut-elle être prise au sérieux ?
L’invasion sarrasine est en route. Le Français de souche ne reconnaît plus le paysage, il cherche désespérément les épaules et les jambes dénudées en guise de réconfort. Car à la sortie des écoles, dans le métro, à la boulangerie et dans les centres commerciaux, le jilbab de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel gagne du terrain. Ces filles, généralement assez jeunes, seraient de futures djihadistes.
Analysons un instant l’habit de l’une de ces jeunes filles, que j’aperçois dans un des centres commerciaux de la banlieue parisienne. Jilbab vert émeraude, veste en cuir à l’italienne, bien cintrée, paire de baskets à virgule, qui se dirige doucement vers McDonald’s pour déjeuner sans doute. Là où je devrais voir, sous la pression de l’opinion de la majorité, une preuve de radicalisme religieux, je ne vois que l’incarnation parfaite de ce que produit la mondialisation. En effet, veste à l’italienne, baskets à l’américaine et robe de style saoudien. La quintessence du melting pot vestimentaire, alliant en une seule tenue l’Est et l’Ouest, l’Orient et l’Occident, le libéralisme et le conservatisme. On peut y voir au choix une certaine manière de faire la paix, ou une globalisation tellement puissante que nous tous sommes condamnés à ce patchwork qui, au final, ne nous fait plus ressembler ni à rien ni à personne.
Comment est-il possible de nier l’effet de la mondialisation dans ce phénomène ? En effet, il faut reconnaître que le « soft power » n’est plus le fait exclusif d’Hollywood, mais aussi celui de l’Arabie saoudite et de bien d’autres pays qui, à travers des programmes télévisés relayés par le câble et Internet, diffusent leur mode de penser, de s’habiller, de vivre. Alors pourquoi regarder d’un air suspicieux le jilbab, et de l’autre côté être en totale confiance quand il s’agit du survêtement à l’américaine ? Quand ces deux derniers participent de la même façon à la destruction de l’élégance à la française. Il serait en effet totalement injuste d’expliquer l’un par l’uniformisation culturelle et l’autre par une prétendue radicalisation.
L’argument est d’autant plus risible que le jilbab aujourd’hui a lui aussi été récupéré par l’industrie de la mode ; et qu’il est au même titre que le décolleté de chez Mango, une marchandise de plus, dans les rouages de l’économie de marché. Il n’y a qu’à se balader sur Internet pour en avoir la preuve : les sites marchands spécialisés affichant modèles prenant la pause en jilbab d’occasion ou du quotidien sont d’un nombre incalculable.
Il ne s’agit bien évidemment pas, ici, de juger des intentions de chacune, mais simplement d’observer d’un regard extérieur.
Somme toute, le jeu de la mode est toujours là, seule la forme diffère. Cependant, malgré les mises en opposition superficielles, le dénominateur commun est bien là. Je m’explique. Les femmes d’aujourd’hui sont toutes unies, en jilbab ou en mini-jupe, sous ce bel emblème, le seul que nous connaissions, incarnant nos valeurs communes, à savoir ce petit caddie, en haut à droite de nos pages Web préférées, qui a pour devise : « Shop now ? »
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