mardi 10 décembre 2013

Contre les droits octroyés par le voile


QUÉBEC - Le voile ne doit pas donner de droits supplémentaires aux femmes qui le portent, estime la libérale Fatima Houda-Pepin.

La seule députée de confession musulmane de l’Assemblée nationale ne croit pas qu’on doive remettre en question la liberté des femmes qui choisissent de porter le foulard, comme veut le faire le gouvernement Marois avec sa charte des valeurs.

Le hidjab, qui couvre uniquement les cheveux, est une «tenue vestimentaire traditionnelle, dit-elle, dans une rare entrevue accordée au Journal. Le voile n’est pas un symbole religieux!».

Fatima Houda-Pepin admet candidement ne jamais avoir porté ce bout de tissu. «J’ai été à l’école publique au Maroc, primaire, secondaire et à l’Université. Je n’ai jamais vu un foulard, ni parmi mes camarades de classe ni parmi mes enseignants.»

Instrumentalisation

Ce sont les intégristes qui ont instrumentalisé le foulard pour en faire un symbole religieux, insiste-t-elle avec verve. En «réduisant l’islam à ce fichu», on donne au voile un statut religieux qui lui confère des droits, c’est ce qui choque la libérale.

Mme Houda-Pepin n’est pas très ouverte aux accommodements religieux, par exemple lorsque des gens veulent choisir le sexe du médecin consulté pour des raisons religieuses. «Foutaise! Ici, au Québec, les hommes et les femmes sont égaux et la personne qu’on a mise à votre disposition, c’est la meilleure personne pour vous servir, that’s it!» s’enflamme-t-elle.

Avec ses collègues libéraux, elle travaille sur un projet de loi qui interdirait le port de signes religieux aux policiers et gardiens de prison et amène des pistes de solution pour lutter contre l’intégrisme.

Mme Houda-Pepin est moins loquace quant vient le temps de parler de l’évolution de la position de son parti sur les signes religieux ostentatoires. «Un parti, c’est une grande famille. Je suis loyale à mon parti, loyale à mon chef, j’ai une divergence d’opinion, mais dans un parti, on devrait être en mesure de discuter des différents points de vue», fait valoir celle qui a osé sortir du rang libéral.

Tenues « dégradantes »

Celle qui a forcé Philippe Couillard à répudier le tchador chez les candidates libérales ne cache pas son aversion pour les variantes du foulard qui cachent tout le corps des femmes.

Niqab, burqa, tchador sont des tenues «dégradantes pour les femmes» qu’il faut «rejeter catégoriquement», lance la députée Houda-Pepin. Cette position tranche avec celle de son chef, qui ne voit pas de problème à ce que des fonctionnaires portent le tchador, ce long voile noir qui recouvre le corps et la tête, laissant uniquement entrevoir le visage.

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LE CANADA, « CIBLE DE CHOIX POUR LES INTÉGRISTES »

Le Canada est une cible de choix pour les intégristes, selon la députée Fatima Houda-Pepin.

«C’est un pays qui offre des possibilités avec la Charte canadienne des droits. Ces gens-là amènent leurs demandes et les présentent comme étant une liberté de religion», précise la libérale, en entrevue avec le Journal.

Mme Houda-Pepin demande aux Québécois de ne pas généraliser le fanatisme et l’extrémisme à l’ensemble des musulmans. Elle rappelle que l’islam n’est pas la seule religion a avoir été «frappée par la maladie de l’intégrisme».

Les différentes communautés musulmanes du Québec sont généralement bien intégrées, plaide-t-elle avec fougue. «Ce sont nos médecins, nos professeurs d’université, nos ingénieurs, nos infirmières!»

Un segment plus radical est toutefois bien présent au Québec, une mouvance «bien financée par l’Arabie saoudite, le Pakistan, l’Iran, le Qatar», insiste-t-elle. Il s’agit d’un islamisme pur et dur, «qui repose sur la haine du mécréant», les mécréants étant les musulmans démocrates, les chrétiens et les juifs.

S’attaquer intelligemment

Ce segment, il faut s’y attaquer intelligemment, plaide-t-elle. «Les intégristes connaissent notre société sous toutes ses coutures, ils sont capables de pénétrer le système», dit-elle. Il faut que le Québec s’intéresse et se documente sur ce phénomène pour pouvoir y faire face, insiste Mme Houda-Pepin.

«L’intégrisme musulman, comme les autres intégrismes, ce sont des mouvements politiques, c’est un agenda politique.» Elle rappelle que les intégristes ont d’ailleurs «cogné aux portes de la politique», il n’y a pas si longtemps (2005), lorsque le gouvernement ontarien a failli accepter d’introduire la charia.

À l’époque, la députée québécoise s’était fermement opposée à l’introduction du droit islamique dans les ménages musulmans du Canada. Elle avait réussi à faire adopter à l’unanimité par les députés de l’Assemblée nationale une motion en ce sens.

— Geneviève Lajoie | Bureau parlementaire

http://www.journaldemontreal.com/2013/12/09/contre-les-droits-octroyes-par-le-voile




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