Ce n’est pas en répétant qu’il s’agit d’une religion de paix qu’on la conciliera avec la modernité et les droits de la personne
samedi 13 septembre
À
la suite de la prise de Mossoul par les combattants armés de Daesh
(l’État islamique), et particulièrement après la décapitation, devant le
monde entier, de deux journalistes américains, quelques voix musulmanes
se sont indignées : « Ce n’est pas la vraie version de l’islam ! » Ou :
« Ce n’est pas l’islam authentique. »
Après les attentats d’al-Qaïda aux États-Unis et en Europe, nous avons déjà entendu les propos semblables, lesquels insistaient sur la nature pacifique de l’islam.
Pourtant, un grand malaise s’installe au sein des musulmans, dans les pays musulmans et aussi parmi les musulmans d’Occident. Dans les pays musulmans, les groupes islamistes représentés par les Frères musulmans et les mouvements dérivés critiquent Daesh sans avouer que ce dernier ne fait qu’appliquer, à sa façon, leur théorie de l’État islamique à construire. Nous avons du mal à croire à la sincérité de l’Arabie saoudite lorsque le grand mufti de la Mecque, Abdul Aziz al-Asheikh, déclare dans la foulée que « l’extrémisme et l’idéologie de groupes tels que l’État islamique sont contraires à l’islam, sont le plus grand ennemi de l’islam et les musulmans en sont les premières victimes », pendant qu’un tribunal saoudien vient de condamner un jeune libéral, Raef Badawi, à 10 ans d’emprisonnement, à 1000 coups de fouet et à une amende équivalant à 300 000 $CAN pour avoir défendu la liberté religieuse. En plus, le grand mufti ne dit pas en quoi l’idéologie des groupes djihadistes diffère de celle du pouvoir saoudien.
À l’époque déjà, le pouvoir des talibans et d’autres pouvoirs islamistes n’ont pas provoqué beaucoup d’indignation chez les musulmans, malgré les exécutions des penseurs ou la lapidation des femmes adultères, ou lorsque ces pouvoirs imposaient le port du voile à toutes les femmes de leurs pays. Même le penseur islamiste très « modéré » Tarik Ramadan n’a pas trouvé mieux que proposer un moratoire sur la lapidation des femmes adultère !
Pourtant, beaucoup de musulmans, partout, y compris dans les villes occidentales, ont manifesté pour condamner à mort l’auteur des versets sataniques et les dessinateurs des caricatures du prophète.
On ne peut expliquer le malaise provoqué par le succès de Daesh et la participation des milliers de jeunes occidentaux au djihad à son côté, qu’en avouant que la doctrine intégriste wahhabite (la doctrine officielle de l’Arabie saoudite) domine l’islam d’aujourd’hui.
Comment reprocher à Daesh les exécutions de ceux qui refusent de se convertir à l’islam ou de payer la djizîa (un impôt spécial exigé des non-musulmans), sans remettre en question l’application de la charia ? Comment reprocher à Daesh l’exécution des mécréants, la lapidation de la femme adultère, les coups de fouet pour ceux qui boivent de l’alcool, tout en étant pour l’application de la charia ? Qui, parmi les musulmans croyants et les islamistes qui s’opposent à Daesh, peut prouver que les actions de Daesh ne sont pas conformes à la charia ? Eux, dans le meilleur des cas, préfèrent l’appliquer d’une façon plus « soft » ou sélective.
Or, ce n’est pas en répétant que l’islam est une religion de paix, même en s’appuyant sur des versets coraniques, que l’on concilie l’islam avec la modernité et le respect des droits de la personne. Les musulmans qui veulent vivre un islam pacifique et moderne (et non pas « modéré ») doivent rompre définitivement avec la pensée islamique dominante et se débarrasser d’un héritage lourd qui les plonge dans la violence et les guerres civiles.
Or, les conditions minimales d’un islam moderne sont les suivantes :
Il suffit de croire en Dieu et son prophète pour être musulman ;
Détruire tout lien entre politique et religion ;
Désacraliser le texte coranique ;
Déclarer que les versets violents sont inopérants ;
Déclarer les lois de la charia caduques.
http://www.vigile.net/L-Etat-islamique-et-l-islam-dans
Après les attentats d’al-Qaïda aux États-Unis et en Europe, nous avons déjà entendu les propos semblables, lesquels insistaient sur la nature pacifique de l’islam.
Pourtant, un grand malaise s’installe au sein des musulmans, dans les pays musulmans et aussi parmi les musulmans d’Occident. Dans les pays musulmans, les groupes islamistes représentés par les Frères musulmans et les mouvements dérivés critiquent Daesh sans avouer que ce dernier ne fait qu’appliquer, à sa façon, leur théorie de l’État islamique à construire. Nous avons du mal à croire à la sincérité de l’Arabie saoudite lorsque le grand mufti de la Mecque, Abdul Aziz al-Asheikh, déclare dans la foulée que « l’extrémisme et l’idéologie de groupes tels que l’État islamique sont contraires à l’islam, sont le plus grand ennemi de l’islam et les musulmans en sont les premières victimes », pendant qu’un tribunal saoudien vient de condamner un jeune libéral, Raef Badawi, à 10 ans d’emprisonnement, à 1000 coups de fouet et à une amende équivalant à 300 000 $CAN pour avoir défendu la liberté religieuse. En plus, le grand mufti ne dit pas en quoi l’idéologie des groupes djihadistes diffère de celle du pouvoir saoudien.
À l’époque déjà, le pouvoir des talibans et d’autres pouvoirs islamistes n’ont pas provoqué beaucoup d’indignation chez les musulmans, malgré les exécutions des penseurs ou la lapidation des femmes adultères, ou lorsque ces pouvoirs imposaient le port du voile à toutes les femmes de leurs pays. Même le penseur islamiste très « modéré » Tarik Ramadan n’a pas trouvé mieux que proposer un moratoire sur la lapidation des femmes adultère !
Pourtant, beaucoup de musulmans, partout, y compris dans les villes occidentales, ont manifesté pour condamner à mort l’auteur des versets sataniques et les dessinateurs des caricatures du prophète.
On ne peut expliquer le malaise provoqué par le succès de Daesh et la participation des milliers de jeunes occidentaux au djihad à son côté, qu’en avouant que la doctrine intégriste wahhabite (la doctrine officielle de l’Arabie saoudite) domine l’islam d’aujourd’hui.
Comment reprocher à Daesh les exécutions de ceux qui refusent de se convertir à l’islam ou de payer la djizîa (un impôt spécial exigé des non-musulmans), sans remettre en question l’application de la charia ? Comment reprocher à Daesh l’exécution des mécréants, la lapidation de la femme adultère, les coups de fouet pour ceux qui boivent de l’alcool, tout en étant pour l’application de la charia ? Qui, parmi les musulmans croyants et les islamistes qui s’opposent à Daesh, peut prouver que les actions de Daesh ne sont pas conformes à la charia ? Eux, dans le meilleur des cas, préfèrent l’appliquer d’une façon plus « soft » ou sélective.
Or, ce n’est pas en répétant que l’islam est une religion de paix, même en s’appuyant sur des versets coraniques, que l’on concilie l’islam avec la modernité et le respect des droits de la personne. Les musulmans qui veulent vivre un islam pacifique et moderne (et non pas « modéré ») doivent rompre définitivement avec la pensée islamique dominante et se débarrasser d’un héritage lourd qui les plonge dans la violence et les guerres civiles.
Or, les conditions minimales d’un islam moderne sont les suivantes :
Il suffit de croire en Dieu et son prophète pour être musulman ;
Détruire tout lien entre politique et religion ;
Désacraliser le texte coranique ;
Déclarer que les versets violents sont inopérants ;
Déclarer les lois de la charia caduques.
http://www.vigile.net/L-Etat-islamique-et-l-islam-dans