Dans son texte publié dans Le Devoir, Paul Cliche, à la suite de beaucoup d’autres, se scandalise de voir le débat sur la laïcité « instrumentalisé » par l’agenda électoral du Parti Québécois. M. Cliche connaît assez la politique pour savoir que dans notre système dit démocratique, tous les projets politiques sont électoralistes. Cela n’enlève pas pour autant la légitimité et la pertinence à ce débat qui dépasse le court terme.
Comme beaucoup d’autres opposants à l'interdiction du port des signes religieux dans les fonctions publiques et malgré les éclairages remarquables que le débat nous a fourni, M. Cliche n’hésite pas à brandir lui aussi l’épouvantail de la division des Québécois et à proférer des accusation de fascisme, de xénophobie, d’islamophobie et de nationalisme ethnique envers ceux qui estiment que la laïcité, la sécularité et le statut de la femme dans nos institutions publiques est un héritage social, politique et culturel durement acquis, qui nous distingue et que nous devons garantir pour l’avenir. Ces menaces sont inappropriées et ces accusations injustes
Inutile de jouer à l’autruche, l’enchâssement de la laïcité ne constituera aucun frein significatif au retour du religieux dans l’espace public auquel nous assistons s’il ne comporte pas le retrait des signes et rituels religieux dans les institutions publiques, particulièrement dans les écoles de tout niveau, ainsi qu’une interdiction claire des pratiques religieuses qui bafouent des droits humains fondamentaux. L’intolérance des sociétés islamiques à la laïcité est un fait reconnu. Refuser de le reconnaître, c’est ouvrir la porte à des conflits et des divisions beaucoup plus graves que les escarmouches théâtrales qu’on se plait à monter en épingle dans le débat actuel : une fracture historique majeure dans la démarche du peuple québécois.
Le multiculturalisme fait peut-être partie du modèle canadien et nord-américain, mais pas du modèle québécois ni occidental en général. L’État-nation n’est peut-être pas éternel, mais l’Inter-nation est loin d’être une réalité. Jusqu’à nouvel ordre, l’appartenance à un territoire, une histoire, une culture et une nation commune demeure le fondement du développement personnel et collectif tout autant que l’ouverture au monde.
Roméo Bouchard
Saint-Germain-de-Kamouraska
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