vendredi 28 février 2014

UN islamisme "laïcophobe" très militant


par Rakia Fourati, membre fondatrice de la Ligue tunisienne de la défense de la laïcité et des libertés (LDLL) et membre de l’association Égalité et Parité
Si la laïcité, l’appel à l’égalité, la liberté sont synonymes « d’islamophobie », eh bien, je suis une musulmane islamophobe et les islamistes sont des « laïcophobes ».

Je suis désolée de constater que certains partis politiques croient aider la femme en autorisant le port du voile et en se substituant aux islamistes, alors qu’ils devraient l’aider à mieux s’intégrer, à comprendre et partager les principes et les valeurs de la société où elle est censée vivre, travailler et éduquer ses enfants.

Après mon passage à l’Assemblée nationale pour défendre la charte de la laïcité, j’ai eu des menaces et de l’intimidation de la part de certains islamistes de Montréal, mais j’ai aussi eu des encouragements de plusieurs musulman-es qui disent que je les ai éclairé-es sur certaines notions qu’ils ou elles ignoraient. À la suite d’une petite enquête faite autour de moi et qui ne concerne que l’aspect de la charte de la laïcité et sa répercussion dans la communauté musulmane, j’ai distingué deux sortes d’approches.

1) Les personnes qui comprennent les principes de la laïcité, qui s’intègrent et s’adaptent facilement dans n’importe quelle société, ont en général une bonne culture (je ne parle pas du niveau d’instruction). Elles n’ont pas de préjugés religieux discriminatoires, elles sont dotées d’une grande personnalité et n’ont aucune gêne ni complexe à partager et épouser la culture du pays d’accueil et à y adapter la leur.

2) Les gens qui confondent laïcité, athéisme et mécréance et n’ont personne pour les éclairer sont vite récupérés par des islamistes. Ces derniers les parrainent et leur expliquent que la laïcité c’est la mécréance et éloigné de l’islam et que leur identité réside dans le port du voile, le rejet de l’occident et l’application de la charia.

On leur explique qu’être un bon musulman, c’est ne jamais critiquer, douter, ou contester les paroles de dieu, de Mohamed et du coran, de peur d’être dénigré, rejeté et exclu par leurs proches ici et dans leur pays d’origines. Certaines dames à qui j’ai parlé m’ont manifesté leur admiration de me voir mener la vie et exprimer les idées que je souhaite. D’autres m’ont avoué qu’elles ne portaient pas le foulard dans leur pays d’origine et qu’elles le portent ici par intimidation depuis la présentation de la charte des valeurs.

Certaines m’ont confié qu’elles luttaient contre les islamistes chez elles mais qu’elles se sentent obligées d’être solidaires et de combattre avec eux ici parce qu’ils leur ont fait croire que l’islam serait en danger si la laïcité était instaurée. Certains ont eu le courage de me demander si la charte allait interdire la religion musulmane au Québec !!!

Les gens avec qui j’ai discuté m’ont demandé si je n’avais pas l’impression de me renier ou de renier ma religion et mes origines en défendant la laïcité, en m’investissant avec les « Janette » et en défendant les valeurs québécoises. Une dame m’a demandé ce que veut dire la laïcité. Je lui ai expliqué que « c’est la séparation de l’État et de la religion ». Je lui ai dit : « Vous, vous pouvez continuer à être de bons musulmans pour aller au paradis, et nous, les laïques, nous nous occupons de la protection de vos acquis, la défense de vos droits et la sauvegarde de votre dignité. Ainsi vos maris ne pourront jamais vous répudier, ni en épouser une autre, ni vous imposer leurs lois. »

Elle a ri et m’a remerciée de l’avoir éclairée en m’avouant que son mari l’a prévenue de ne jamais parler aux laïques parce qu’ils sont mécréant-es.

Inutiles de préciser que toutes ces craintes et ces psychoses sont l’œuvre des islamistes qui ont monté les musulman-es contre la laïcité, la charte et les lois de l’État afin d’imposer ultérieurement leur charia, comme ils le font actuellement dans plusieurs pays et en se basant sur la Déclaration des droits de l’homme en islam, adoptée au Caire le 5 août 1990.

L’article 24 de cette Déclaration stipule : « Tous les droits et libertés énoncés dans la Déclaration sont soumis à la charia islamique », et l’article 19 : « Il n’y aura pas de crime ou de peine, sauf tel que prévu dans la charia ».

L’auteure

Rakia Fourati est co-signataire de la lettre des Janette, membre de l’Association Égalité et Parité, membre de la Ligue tunisienne pour la défense de la laïcité et des libertés, et psychothérapeute à la retraite.

- Elle a aussi présenté un mémoire à la Commission parlementaire sur le projet de loi 60 (charte des valeurs, laïcité et neutralité religieuse de l’État, égalité des femmes et des hommes et balises des accommodements). Lire ce mémoire très remarqué.

Mis en ligne sur Sisyphe, le 27 février 2014
vu ici

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