La
journée où nous verrons des clips arabes un peu rigolos avec quelques femmes
voilées ou non voilées qui seront en nomination au MTV Video Music Awards vous
me le ferez savoir.
Lorraine
http://www.bvoltaire.fr/
On tourne un pied, on tourne l’autre, on bascule la tête en arrière et, un pied toujours devant l’autre, en avant pour onduler suggestivement : ça vous colle un air bête, bien dans l’air du temps ! Depuis quelques mois, le phénomène ne cesse d’ailleurs de prendre de l’ampleur, au point d’irriter profondément les instances d’Arabie saoudite. On a beau siéger au Conseil des droits de l’homme de l’ONU, faut tout de même pas charrier, dans la péninsule Arabique, on ne badine pas avec la charia. À Abou Dabi, par exemple, deux troufions, dont l’un hilare, s’exerçant à l’exercice dans une vidéo postée sur Internet, en ont fait les frais : et hop ! case prison.
Bon, mais qu’est-ce qu’il lui a pris, à ce grand brun aux chaussures rouges, pour défier ainsi son pieux pays ? Selon Rym Ghazzal, éditorialiste au quotidien émirati anglophone The National, c’est à cause « des conflits et des crises ». Mouais, pas migratoires, en tout cas… Parce que « les gens cherchent des moyens d’échapper aux dures réalités de la vie en faisant ce que beaucoup d’entre nous aiment faire : danser ». Mais les affronter, ce ne serait pas mieux, plutôt, l’un n’empêchant pas l’autre, d’ailleurs ? Dénoncer la pauvreté d’un tiers des Saoudiens, un exemple. Ou œuvrer pour la libération de son compatriote Raef Badaoui, emprisonné pour dissidences multiples, autre exemple. En cherchant bien, on devrait même en trouver d’autres. Cependant, il faut bien l’admettre, ce serait beaucoup moins amusant et, somme toute, bien plus dangereux.
Bon, au début, madame Ghazzal admet qu’elle trouvait cela « un peu idiot », et puis, à force de « barbasser » (c’est elle qui le dit), elle a fini par être transportée… Vous me direz, on s’habitue à tout, il paraît. Sauf les médias saoudiens. Certains d’entre eux voient la vidéo comme une preuve que les influences occidentales abîment leur société et appellent publiquement au boycottage de cette danse. À observer nos pauvres valeurs occidentales d’aujourd’hui, ce n’est pas faux.
Les jeunes Saoudiens, qui subissent malheureusement une théocratie totalitaire, devraient-ils pour autant ressembler à ces « enfants du rock débile », « nourris de soupe infra-idéologique cuite au show-biz » et ayant reçu « une imprégnation morale leur faisant prendre le bas pour le haut », ainsi que l’écrivait le journaliste Louis Pauwels, en une du Fig Mag, en 1986, propos rappelés récemment par l’écrivain Jean Raspail ? Où en sommes-nous, trente ans plus tard ? À voir un tube débilitant devenir planétaire – le gangnam-syle – récompensé d’une statue au centre de Séoul, et un autre en train de prendre le même chemin. Que vaudra un Barbs, bête comme ses pieds, cette fois, hors son propre pays ?
Finalement, si c’est ça, vouloir ressembler à l’Occident : se lâcher au lieu de se fâcher…
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