Les plus grands opposants à la charte des valeurs du Québec

vendredi 8 novembre 2013

Le ministre québécois Bernard Drainville lors du dépôt du projet de loi sur la charte des valeurs à l'Assemblée nationale du Québec, le 7 novembre 2013.
Crédit photo : Radio-Canada

Par Stéphane Parent |

Le gouvernement canadien prêt à contester devant les tribunaux la charte des valeurs
Le projet de loi québécois sur une charte des valeurs déposé jeudi à l’Assemblée nationale par le gouvernement de Pauline Marois est d’abord unanimement décrié à Ottawa, la capitale du Canada.
Le ministre fédéral du Multiculturalisme, Jason Kenney, affirme que le gouvernement demandera, si cette nouvelle charte est adoptée, des avis juridiques aux avocats du ministère de la Justice afin de vérifier la conformité de la loi québécoise avec la Charte canadienne des droits et libertés.

Faisant référence au jugement de la Cour suprême dans la cause Multani, sur le port du kirpan à l’école, le ministre conservateur Jason Kenney estime qu’une telle loi devrait s’avérer inconstitutionnelle. © PC/FRED CHARTRAND

Opposition unanime à Ottawa
Le chef de l’opposition officielle, Thomas Mulcair, s’est élevé contre le projet de loi qui va à l’encontre des valeurs québécoises, selon lui.
Rappelant qu’il est lui-même Québécois, le chef du Nouveau Parti démocratique estime que l’ouverture et l’inclusion sont des valeurs québécoises. « On dirait que Pauline Marois vole des idées à M. Harper en divisant les gens, avance M. Mulcair. Elle sait que [ce projet de loi] ne sera jamais adopté ».
Le chef du NPD, Thomas Mulcair

Pour faire une histoire brève…
La Charte des valeurs du Québec cherche à interdir le port de signes religieux ostentatoires comme le foulard (hidjab) ou la kippa pour le personnel de l’état.

Le maire de Montréal, Denis Coderre, réitère son opposition à la charte
À Montréal, le maire élu, Denis Coderre, a déclaré qu’il n’avait pas changé d’idée sur la charte des valeurs depuis ses déclarations lors de la campagne électorale. Il demeure fortement opposé à la charte. : « je n’ai pas changé ma position, j’ai voulu attendre le texte final », dit-il.
M. Coderre croit que la charte est « divisive » et que la neutralité de l’État, comme elle existe actuellement, dit-il, est compatible avec la laïcité ouverte. Le nouveau maire de Montréal a toutefois l’intention de jouer le jeu de la démocratie et de faire valoir ses arguments en commission parlementaire.
Faisant allusion à un éventuel recours aux tribunaux pour contester la charte, il a dit qu’il ne fallait « pas partir en peur ».« J’ai l’intention de proposer (après son assermentation le 14 novembre) une résolution au nouveau conseil de ville et on va présenter un mémoire à Québec. J’ai toujours dit que l’intégration ne veut pas dire uniformité et que Montréal se définit par sa diversité culturelle. »
Denis Coderre
Le projet de loi sur la charte est discriminatoire, dit Charles Taylor
Le professeur Charles Taylor, coprésident de l’ancienne commission Bouchard-Taylor sur les accommodements culturels et religieux au Québec, qualifie le projet de loi du gouvernement Marois sur la charte des valeurs de discriminatoire.
M. Taylor explique que le texte proposé conduira à exclure ou à admettre certaines personnes au sein de la fonction publique selon leur appartenance religieuse.
Il y va également d’une mise en garde : « Le gouvernement nous propose une société plus étroite ».
« Ça va être une petite république québécoise assez étroite où la créativité va être forcément moindre. »
— Charles Taylor, professeur émérite de philosophie à l’Université McGill et coprésident de la commission Bouchard-Taylor M. Taylor, qui espère que ce projet de loi ne sera pas adopté, souligne que Montréal est opposé à la charte essentiellement en raison de son caractère exclusif.
L’avenir de Montréal dépend de la créativité dans la société et on est en train de l’amputer de ses forces vives, souligne le professeur Taylor.

Aide-mémoire…
Pour le projet initial de charte :

1. Le Syndicat de la fonction publique
2. La Fédération québécoise des municipalités
3. Le Mouvement laïque québécois
4. Le Rassemblement pour la laïcité
5. Le Bloc québécois
6. Le groupe souverainiste Génération nationale
7. Les « Janette »

Contre le projet initial de charte :

1. La Coalition avenir Québec
2. Le parti politique Québec solidaire
3. Le gouvernement fédéral
4. Le Parti libéral du Canada
5. Le Nouveau Parti démocratique
6. L’ancien premier ministre québécois Jacques Parizeau
7. L’ancien premier ministre québécois Lucien Bouchard
8. L’ancien premier ministre québécois Bernard Landry
9. Les candidats à la mairie de Montréal
10. Les 15 villes défusionnées de l’île de Montréal
11. La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse
12. Les indépendantistes pour une laïcité inclusive
13. Le manifeste Pour un Québec inclusif
14. La Fédération autonome de l’enseignement
15. L’Association des garderies privées du Québec
16. Le Regroupement des centres de la petite enfance de l’île de Montréal
17. L’Association québécoise d’établissements de santé et de services sociaux
18. La Fédération des femmes du Québec
19. La Fédération des chambres de commerce du Québec
20. Amnistie internationale
21. L’Assemblée des évêques catholiques du Québec
22. B’nai Brith Canada
23. Le Conseil musulman de Montréal
24. Québécois musulmans pour les droits et libertés
25. Des experts en santé mentale

Pour en savoir plus, consultez notre dossier :
Pour ou contre le projet de charte
La Charte des valeurs divise les Québécois (Radio-Canada)

http://www.rcinet.ca/fr/2013/11/08/les-plus-grands-opposants-a-la-charte-des-valeurs-du-quebec/