Un exemple parfait de « Power politics »
En fait, La Presse disposait fort probablement des résultats dès lundi soir, ce qui pourrait en partie expliquer qu’elle se soit montrée si chiche de commentaires sur la « victoire » de MM. Couillard et Heurtel dans son édition d’hier, au point de ne même pas y faire la moindre allusion à sa « une » et de n’y consacrer qu’un petit article net, fret, sec en page A6.
Quel contraste avec la « une » de La Presse aujourd’hui qui titre « Marois gagne du terrain » avec une excellente photo de Pauline, radieuse. Et en plus, un renvoi aux pages A2 et A3, entièrement consacrées à l’analyse des résultats du sondage, preuve s’il en fallait encore une qu’un sondage peut avoir plus d’influence que le résultat d’une ou même de deux partielles.
Aussi réconfortant que pourra être ce sondage pour le PQ, il serait bien téméraire de ne pas comprendre que le message ne lui est pas destiné. Les véritables destinataires de ce message sont Philippe Couillard et le PLQ.
Au premier, il dit qu’il ne fait pas le poids et qu’il doit s’effacer discrètement de lui-même ou s’exposer à être évincé avec perte et fracas. Au second, il dit que son chef n’est pas de taille et qu’il doit s’affairer dès maintenant à le remplacer s’il veut avoir la moindre chance d’obtenir le soutien de La Presse et de former le prochain gouvernement.
La méthode est aussi crue que brutale et dépourvue du moindre scrupule. C’est un exemple parfait de ce que les Américains appellent la « Power politics » (non, il ne s’agit pas d’un jeu de mots), un genre dans lequel ils excellent. Si vous êtes intéressés à en apprendre plus sur la façon dont elle a été développée et a évolué, je ne saurais trop vous recommander la lecture d’un ouvrage, Citizen Hearst, qui date déjà de quelques décennies, mais qui constitue l’analyse définitive de la façon pour un propriétaire de médias de les utiliser à ses fins politiques personnelles, études de cas édifiants à l’appui.
En plus de constituer un exercice de démolition à revers du leadership de Philippe Couillard, l’analyse du dernier CROP/LaPresse attribue également à la député Fatima Houda-Pépin la responsabilité d’une perte de 5 % de l’électorat traditionnel du Parti Libéral du Québec.
Soyez assurés que, malgré toute ses professions de foi Libérale et fédéraliste, ses jours sont comptés au PLQ. Dans un contexte où il aura besoin de tous ses appuis traditionnels pour l’emporter contre le PQ, il ne pourra accorder à sa députée de La Pinière l’espace de liberté de conscience qu’elle réclame.
Et si vous souhaitez comprendre ce que La Presse reproche tant à Philippe Couillard, je vous engage à lire ou à relire mon article du 24 octobre dernier dans lequel je raconte la gaffe constitutionnelle énorme commise par Philippe Couillard lorsqu’il a accordé le soutien de son parti à la motion du PQ réaffirmant le principe du droit des Québécois de disposer de leur avenir et contribué ainsi à son adoption à l’unanimité.
Quant à l’identité du successeur de Philippe Couillard, mon petit doigt me dit qu’il s’agira de Pierre Moreau, le député de Châteauguay, qui s’était classé au deuxième rang lors de la course à la succession de Jean Charest, devançant largement, à la surprise générale, Raymond Bachand.
Et savez-vous quoi ? Moreau avait attaqué Couillard très durement pendant la course à la succession du PLQ, lui reprochant entre autres son attitude autoritaire et dirigiste, de même que ses liens étroits avec le Dr Arthur Porter du CUSM.
Cramponnez-vous, il va venter fort au PLQ dans les prochaines semaines.
http://www.vigile.net/Les-grosses-pattes-sales-de-La
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