Il y aurait une conception « libérale » de la laïcité, qui s’opposerait à une conception « étatiste », ou encore une conception « humaniste » qui dénoncerait la conception « laïciste » ou « laïcarde » de la laïcité – que d’aucuns qualifient même de « fasciste » !
Il reste que ce besoin d’ajouter un complément de signification à un terme dont la signification est on ne peut plus claire n’annonce rien de bon. Il traduit, en effet, une gêne non vis-à-vis de ce terme, mais vis-à-vis de ceux qui le contestent sans gêne aucune, et qui sont la cause des innombrables articles sur la laïcité.
Que signifie donc « être laïque » ? « Etre laïque », c’est affirmer la « séparation des Eglises et de l’Etat », et poser, pour chaque être humain, la « liberté de conscience » définie comme ce droit d’avoir la religion de son choix ou de n’en pas avoir. La laïcité ne saurait, de ce fait, être l’ennemie des religions : elle en est au contraire la garante, dans la mesure où elle affirme l’égale dignité des croyants. Mais elle affirme aussi l’égale dignité des athées, des agnostiques et des indifférents : la base de la laïcité, c’est l’universel.
Or, c’est exactement ce que contestent la plupart des musulmans, pour qui les croyants véritables ne sauraient être que musulmans, les autres croyants n’étant que des « mécréants ». En conséquence, l’égale dignité des athées, des agnostiques et des indifférents est, pour eux, sinon un blasphème, du moins un non-sens, le seul universel pensable étant l’islam !
Mais s’il n’y avait que les musulmans qui ne comprennent pas la laïcité ! Alors qu’on demandait au cardinal André Vingt-Trois si le port du voile en France lui paraissait conforme à la loi de 1905, le cardinal a répondu : « La laïcité, c’est la liberté, et non pas l’interdit !» (1).
Et voilà comment ceux qui devraient défendre notre civilisation justifient les avancées de ceux qui la combattent ! Car enfin s’ouvrir à l’« autre » parce qu’il est l’« autre », ce n’est pas bâtir automatiquement un avenir radieux. C’est même prendre le risque du contraire, dès lors que l’« autre » relève de ceux qui n’acceptent l’« autre » que s’il est musulman. En l’occurrence, c’est ne pas voir venir la violence du réel, et d’abord celle du nombre ! Comme le dit Alain Finkielkraut dans son ouvrage intitulé L’identité malheureuse (2) : « Quand le voile islamique est porté en terre d’islam, on ne se sent pas chez soi, mais quand il l’est dans nos pays, on ne se sent plus chez soi ».
La nuance est de taille : avouer qu’on ne se sent plus chez soi lorsqu’on est chez soi, c’est avouer qu’on n’a plus de chez soi. Et quand on n’a plus de chez soi, on finit par ne plus être !
Maurice Vidal
vu ici
Il reste que ce besoin d’ajouter un complément de signification à un terme dont la signification est on ne peut plus claire n’annonce rien de bon. Il traduit, en effet, une gêne non vis-à-vis de ce terme, mais vis-à-vis de ceux qui le contestent sans gêne aucune, et qui sont la cause des innombrables articles sur la laïcité.
Que signifie donc « être laïque » ? « Etre laïque », c’est affirmer la « séparation des Eglises et de l’Etat », et poser, pour chaque être humain, la « liberté de conscience » définie comme ce droit d’avoir la religion de son choix ou de n’en pas avoir. La laïcité ne saurait, de ce fait, être l’ennemie des religions : elle en est au contraire la garante, dans la mesure où elle affirme l’égale dignité des croyants. Mais elle affirme aussi l’égale dignité des athées, des agnostiques et des indifférents : la base de la laïcité, c’est l’universel.
Or, c’est exactement ce que contestent la plupart des musulmans, pour qui les croyants véritables ne sauraient être que musulmans, les autres croyants n’étant que des « mécréants ». En conséquence, l’égale dignité des athées, des agnostiques et des indifférents est, pour eux, sinon un blasphème, du moins un non-sens, le seul universel pensable étant l’islam !
Mais s’il n’y avait que les musulmans qui ne comprennent pas la laïcité ! Alors qu’on demandait au cardinal André Vingt-Trois si le port du voile en France lui paraissait conforme à la loi de 1905, le cardinal a répondu : « La laïcité, c’est la liberté, et non pas l’interdit !» (1).
Et voilà comment ceux qui devraient défendre notre civilisation justifient les avancées de ceux qui la combattent ! Car enfin s’ouvrir à l’« autre » parce qu’il est l’« autre », ce n’est pas bâtir automatiquement un avenir radieux. C’est même prendre le risque du contraire, dès lors que l’« autre » relève de ceux qui n’acceptent l’« autre » que s’il est musulman. En l’occurrence, c’est ne pas voir venir la violence du réel, et d’abord celle du nombre ! Comme le dit Alain Finkielkraut dans son ouvrage intitulé L’identité malheureuse (2) : « Quand le voile islamique est porté en terre d’islam, on ne se sent pas chez soi, mais quand il l’est dans nos pays, on ne se sent plus chez soi ».
La nuance est de taille : avouer qu’on ne se sent plus chez soi lorsqu’on est chez soi, c’est avouer qu’on n’a plus de chez soi. Et quand on n’a plus de chez soi, on finit par ne plus être !
Maurice Vidal
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