Le procureur adjoint
de Reggio de Calabre, Nicola Gratteri, et le juge anti-mafia de Naples,
Raffaele Cantone, ont récemment mis en garde contre l’éventualité d’un
attentat contre le pape François par la mafia calabraise ‘Ndrangheta, du
fait du « nettoyage » que ce dernier a entrepris au sein de certaines
structures financières de l’Église.
« Il semble difficile que la ‘Ndrangheta se lance dans une
opération aussi périlleuse. Car, si elle commettait un attentat contre
le pape, cela aurait des conséquences très graves à trois niveaux.
D’abord, parce qu’elle devrait se préparer à de sévères représailles de
l’État italien. Certes, il y a eu les attentats du 28 juillet 1993 par
Cosa Nostra (mafia sicilienne) contre la basilique de
Saint-Jean-de-Latran (la cathédrale du pape) et contre
Saint-Georges-de-Vélabre.
Mais ce double attentat, qui se voulait un avertissement à Jean-Paul II, deux mois après ses discours contre
la mafia en Sicile, n’avait pas fait de victimes. Et puis, on se
situait alors dans un autre contexte, marqué par les dérives terroristes
de Cosa Nostra et les assassinats, en 1992, des juges siciliens Giovanni Falcone
et Paolo Borsellino. De plus, ‘Ndrangheta a toujours été moins violente
que Cosa Nostra et ne s’en est jamais prise directement à une
institution.
Seconde conséquence d’un éventuel attentat : une
perte d’image au sein de la population italienne profondément
catholique. Ainsi, plus de 80 000 personnes ont assisté en mai dernier, à
Palerme, à la béatification de Giuseppe « Pino » Puglisi,
qui avait ouvert dans le quartier mafieux du Brancaccio, en plein
Palerme, un centre d’accueil pour jeunes, ce qui n’avait pas plu à la
mafia, qui l’avait fait assassiner en septembre 1993. À la suite de ce
meurtre, un des tueurs s’est repenti et est revenu vers la foi.
La ‘Ndrangheta est composée de clans familiaux calabrais et il n’est pas
rare de trouver dans une même famille trois mafieux et un prêtre. En
Calabre et en Sicile, les prêtres de terrain sont proches de leurs
ouailles… En ce sens, on peut dire que l’Église et la mafia coexistent.
Sans parler de certains membres de la hiérarchie vaticane qui ont pu
être considérés comme responsables de blanchiment d’argent… Enfin, un
tel attentat provoquerait des divisions au sein même de ‘Ndrangheta et
amènerait sûrement des membres à se tourner vers la police, comme en
1993. »
RECUEILLI PAR CLAIRE LESEGRETAIN
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