dimanche 22 décembre 2013
Qu'est-ce donc qu'un musulman modéré ?
Que ce soit dans les médias, dans les discours politiques ou dans les discussions populaires, le terme « musulman modéré » est utilisé couramment. Il serait intéressant d’examiner ce terme afin de comprendre l’intérêt de son utilisation. Dans quel sens l’Islam doit-il être « modéré » ? Pour quelles raisons a-t-on besoin de préciser qu’un musulman est « modéré » ?
Tout d’abord, il convient de déterminer précisément le terme « modéré ». Cet adjectif est utilisé généralement pour indiquer « l’éloignement de toute forme d’excès ». En politique, il désigne « l’éloignement de toute forme d’extrémisme ».
Ensuite, une connaissance de l’Islam s’impose pour traiter un tel sujet. La religion musulmane est un système complet qui définit clairement les extrêmes en les excluant. En effet, la parole du Très Haut (1), le Prophète (2) (paix et prières sur lui) et l’ensemble des savants (3) sont unanimes pour ne pas considérer comme musulmans les groupes extrêmes qui ne respectent pas le crédo authentique de l’Islam.
Par exemple, tout anthropomorphiste ou tout agnostique n’est pas considéré comme musulman. Ou encore, celui qui affirme que commettre un grand pêché conduit inexorablement en enfer n’est pas musulman ; de même que celui qui affirme que commettre un grand pêché est automatiquement pardonné grâce à un haut degré de foi.
L’Islam n’a donc pas besoin d’être « modéré », les formes d’extrémismes ne font pas partie de cette religion qui est qualifiée de « religion du juste milieu ».
D’autre part, on sait que le terme « modéré » était utilisé en France durant la 3ème république pour désigner les républicains qui se sont écartés de leur base pour évoluer vers une position plus libérale.
Cela nous amène à la conclusion que deux définitions sont possibles pour le terme « musulman modéré » :
- Soit c’est un pléonasme, car un musulman devrait, par définition, être éloigné de toute forme d’extrémisme.
- Soit cela signifie que le « musulman modéré » est celui qui s’écarte de sa base (l’Islam) pour évoluer vers une position plus libérale. Par extension, cela signifie que l’Islam est un concept trop extrême pour être accepté tel quel ; que le « musulman modéré » doit s’émanciper pour être accepté.
Il est clair qu’aucune de ces deux définitions ne devrait convenir aux musulmans. Ils n’ont pas à utiliser un pléonasme pour se présenter. Comme ils n’ont pas à remettre en question leur base saine pour se faire accepter.
Admettre cette appellation revient à donner raison aux personnes et aux politiques qui n’acceptent pas l’Islam en tant que tel. Ceux-là même qui stigmatisent constamment les musulmans en les insultant. Effectivement, traiter un musulman d’extrémiste est l’insulte la plus grave en Islam car elle l’exclue de sa religion.
Face à cette problématique, il convient de revoir la communication entre les musulmans et les non musulmans. Les musulmans doivent connaître leur religion afin de l’expliquer de façon tout à fait claire. Ils doivent également avoir une pratique exemplaire ce qui aura deux avantages :
- renforcer leur foi en Dieu et en Sa religion, ils comprendraient qu’ils n’ont aucun besoin de s’émanciper ;
- rassurer les non musulmans en leur faisant découvrir que leur religion n’a pas besoin d’être « modéré », ils prendraient conscience que les comportements extrêmes sont condamnés par l’Islam.
La définition de l’Islam n’appartient pas à ses détracteurs. Ce n’est pas à eux de fixer les limites de l’extrémisme. Leurs motivations sont compréhensibles, ils ont tout intérêt à déstabiliser un système, une force qui leur fait de l’ombre. Malheureusement, cette façon d’agir n’est un bien pour personne, on cultive la peur de l’autre, on se fait des ennemis… Il convient d’affirmer haut et fort que les pratiques islamiques n’ont rien d’extrême : le prieur, la jeûneuse, le barbu, la voilée, le pudique n’ont pas à être marginalisés !
Le terme « musulman modéré » n’a donc pas lieu d’être. Une connaissance des bases de l’Islam montre qu’un musulman doit être productif, honnête et engagé dans la société dans laquelle il vit. Il doit, en outre, être respectueux des lois de son pays pour autant que celles-ci n’aillent pas à l’encontre des libertés de culte.
RG, le 12 juin 2009
(1) Sourate Al-Baqarah, verset 143 : « Et aussi Nous avons fait de vous une communauté de justes pour que vous soyez témoins pour les gens, comme le Messager sera témoin pour vous. »
(2) Il est authentiquement rapporté que le Messager d’Allah (paix et prières sur lui) a dit : « Prenez garde à l’exagération dans la religion, car les gens ont autrefois péri à cause de cela. ».
Abou Hourayra rapporte que le Prophète (paix et prières sur lui) a dit : « La religion est aisance et facilité. Jamais quelqu’un ne cherchera à rivaliser de force avec la religion sans que celle-ci ne l’écrase. Suivez plutôt la voie sage du juste milieu, rapprochez-vous en douceur de la perfection et soyez optimistes…» (rapporté par Al-Bukhâri).
(3) Selon Ibn ‘Abdel-‘Azîz Âli ash-Sheikh, « L’Islâm est la religion du juste milieu et de la modération, c’est la religion qui lutte contre l’exagération et l’interdit ».
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