samedi 8 février 2014

Les chrétiens originaires du Moyen-Orient - La lucidité au service du Québec

Extrait de la présentation du Rassemblement des Chrétiens du Moyen-Orient devant la Commission parlementaire sur la Charte de la laïcité (projet de loi 60). Intervention de Raouf Ayas (président):


Ils sont Québécois, les premiers sont arrivés au Québec en 1880, des Syriens chrétiens fuyant la persécution ou cherchant un avenir meilleur pour leurs enfants. Les plus récents ont quitté l'Égypte, la Syrie et le Liban à partir des années cinquante, de culture française pour la plupart, ils ont élu domicile et ont pris racine au Québec, leurs enfants et petits-enfants se sont si bien intégrés que rien ou presque ne les distingue des Québécois en dehors de leur nom de famille. 

Cette volonté de s'intégrer, de faire partie d'un peuple et d'un pays trouve son explication dans la souffrance multiséculaire que les chrétiens orientaux ont subie dans leurs pays d'origine. Opprimés, persécutés et massacrés à cause de leur foi, ils le furent longtemps; et ce n'est qu'à la fin du dix-neuvième siècle qu'ils purent relever la tête, non pour prendre leur revanche mais pour aider le Moyen-Orient à accéder à la modernité. Ce sont eux qui ont répandu l'usage de l'imprimerie et traduit les ouvrages des grands auteurs occidentaux, ils ont été les premiers à créer des journaux et des périodiques, les arts et en particulier la littérature, la poésie, la musique, le théâtre et le cinéma leur doivent beaucoup. Sans eux l'Égypte, la Syrie, le Liban et même l'Irak auraient pris beaucoup plus de temps à se dégager de l'obscurantisme que la domination ottomane leur avait imposé durant des siècles. 

Ils ont été des catalyseurs de changement, ou, comme l'a dit Jésus dans les Évangiles: le levain dans la pâte. Ils auraient pu faire davantage, ils auraient aimé jouer le rôle d'intermédiaire entre l'Orient et l'Occident, leur connaissance profonde des deux cultures les y disposaient, mais cela ne leur fut pas accordé; l'histoire est pleine d'exemples de ce type d'occasions ou de rendez-vous manqués. Les chrétiens du Moyen-Orient, aux yeux de l'Occident ne faisaient pas le poids, et ils étaient suspects aux yeux des musulmans. Ils furent donc marginalisés avant d'être exclus du champ politique, au moment où l'Égypte, la Syrie et l'Irak se laissaient dominer par des régimes despotiques, supposément laïcs, mais qui ont laissé l'islamisme s'infiltrer et s'imposer avec le temps. 

Le climat politique, l'anticipation des catastrophes à venir et le spectre des persécutions antérieures ont convaincu nombre d'entre à eux à quitter en douce pour des cieux plus accueillants. C'est ainsi que le Québec s'est trouvé l'une de leurs destinations favorites; à cause principalement de la communauté de langue et de foi, mais aussi par une sorte de sympathie, qui pour être inexpliquée n'en est pas moins profonde; car le Québec pour les chrétiens du Moyen-Orient c'est aussi une histoire d'amour. Étrangers dans leurs pays d'origine, ils ont trouvé au Québec plus qu'une terre d'accueil: une nouvelle patrie où ils ne se sentent plus minoritaires, où ils ne sont ni discriminés ni exclus, où leurs descendants pourront vivre dans la paix. 

Questions et inquiétudes

Les chrétiens du Moyen-Orient qui vivent au Québec ont quelque droit de s'étonner et même de ne pas comprendre. Historiquement le Québec a accueilli des juifs fuyant le fascisme en Europe, mais il n'a pas accueilli des fascistes. Des Européens de l'Est se sont également réfugiés au Québec, mais pas leurs tortionnaires communistes. Les boat people, vietnamiens et cambodgiens y ont trouvé refuge, mais pas les communistes ni les khmers rouges. Les Rwandais rescapés du génocide y ont été reçus, mais pas leurs assassins. Alors, comment expliquer que le Québec accueille des intégristes musulmans, sans tenir compte des horreurs dont ils se sont rendus responsables, non seulement à l'égard des chrétiens mais envers l'humanité entière? D'où vient cet aveuglement qui frappe le Québec face à son pire ennemi? 

Mais ils ne sont pas les seuls à se poser de telles questions, les Algériens et les Amazighs qui ont fui l'islamisme se montrent aussi perplexes. Il y a à peine une semaine Fatima Houda-Pépin a déclaré avoir été choquée, à son arrivée au Québec, de constater que les réseaux islamistes y sont bien implantés et bien actifs, grâce, entre autres, au financement qu'ils reçoivent de l'étranger et à la politique de l'autruche menée par les différents paliers de gouvernement. Pour les chrétiens du Moyen-Orient l'avenir est source d'incertitudes et d'angoisse, le Québec pacifique et majoritairement chrétien le restera-t-il? Sont-ils condamnés à revivre d'autres siècles de persécutions et de violence à cause de l'islam? 


Face à des autorités étranglées par la rectitude politique, et ligotées par des jugements de cour qui autorisent le fanatisme sous couvert de religion, les chrétiens du Moyen-Orient se sont donné la mission délicate, d'attirer les regards des responsables politiques sur les dangers qui guettent la société québécoise du fait de l'islamisme. Si le bon sens était de mise, on ferait plus que les écouter d'une oreille distraite, on solliciterait régulièrement leur avis et on en tiendrait compte. Mais il en va du Québec comme de toutes les sociétés occidentales, la vanité et l'insouciance des élites, leur ignorance et leur manque de vision, leur croyance aveugle dans la solidité de la démocratie, leur attachement aux dogmes du multiculturalisme, leur refus d'admettre l'existence du danger, pèsent plus lourd que la dure réalité, celle d'un islam agressif et intolérant qui utilise les instruments de la démocratie pour la détruire. 

Comment expliquer à des gens qui se bouchent les yeux et les oreilles que les islamistes sont passés maîtres dans l'art de la dissimulation et du mensonge? Qu'ils ne cherchent aucunement à faire partie de la société québécoise, mais à la miner de l'intérieur et à la diviser dans l'objectif de l'islamiser? Comment leur faire prendre conscience que l'intégrisme et le terrorisme islamiques ne constituent pas des entités séparées, mais qu'ils s'inscrivent dans un continuum et partagent le même objectif. Comment les convaincre de faire le lien entre les crimes des islamistes au Moyen-Orient et leurs menées subversives au Québec? Comment leur faire admettre que les mêmes causes finiront par produire les mêmes effets? 

Mission en apparence impossible tant le climat général est en faveur de concessions unilatérales et de gestes d'apaisement de la part de la société d'accueil! 

Le mémoire

Dans le contexte du débat qui a lieu sur la Charte des Valeurs, le Rassemblement des Chrétiens du Moyen-Orient (le RCMO) a présenté son mémoire à la commission parlementaire sur le projet de loi 60. Au-delà de sa position concernant le port des signes religieux chez les employés de l'État, le mémoire adressé à l'Assemblée Nationale braque les projecteurs sur la source des problèmes, c'est à dire le processus d'islamisation de la société québécoise. Mais avant d'entrer dans le vif du sujet le RCMO a tenu à rappeler l'origine chrétienne des valeurs (égalité, fraternité, universalité, solidarité, laïcité) sur lesquelles notre société est fondée, rappel éminemment important, dans la mesure où la conception islamique de la société s'y oppose:
Il fut un temps où nous reconnaissions aussi que l’amour réduisait les différences et unissait dans la dignité et la générosité. Ces concepts humains et surtout chrétiens demeurent valables pour l’humanité entière jusqu’à nos jours, cependant, certaines anomalies de parcours ou abus nous incitent à les écrire dans un jargon juridique afin de les adapter à une société sécularisée.  
" ...Au sujet de la séparation des religions et de l’État le principe est débattu depuis les philosophes grecs, puis il y a 2000 ans avec la déclaration de Jésus-Christ: ‘rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu.’ "

Et plus loin dans le texte:
Le christianisme comporte en son sein une mission civilisatrice et pour de nombreuses personnes cela va de soi...
Après avoir souligné la difficulté d'assurer sur le plan pratique une laïcité pleine et entière dans l'espace public et rappelé l'absence de consensus sur le sujet, le mémoire expose la position du RCMO:
Le Rassemblement des chrétiens du Moyen-Orient (RCMO) reconnait l’égalité homme-femme comme naturelle, la primauté du français au Québec comme nécessaire, la séparation des religions et de l’État comme un fait accompli de longue date. L’encadrement des accommodements religieux est logique et bienvenu. La dispensation et la réception des services de l’État devraient se faire à visage découvert, cela va de soi. 
Pour le RCMO la laïcité de l'État québécois est une réalité depuis plus de cent ans. Plus que le texte même du projet de loi 60, l'intention du législateur soulève des questions: jusqu'où l'État est-il prêt à aller pour assurer une laïcité pleine et entière dans l'espace public québécois? Ira-t-il jusqu'à obliger les individus à agir contrairement à ce que leur dicte leur conscience? Le caractère chrétien du patrimoine architectural et toponymique du Québec devra-t-il disparaître? Les dérives potentielles du laïcisme éveillent la méfiance des chrétiens du Moyen-Orient, elles ressuscitent en eux des souvenirs douloureux et des craintes qu'ils croyaient à jamais dissipées. Le laïcisme ferait-il le lit de l'islam, sachant qu'il lui est de loin plus facile et moins risqué d'attaquer le christianisme que d'affronter les intégristes musulmans? Cette dernière question le RCMO ne l'a pas posée ouvertement mais elle n'en est pas moins présente dans ses interrogations:
" L’État est-il finalement mandaté pour nous servir ou bien l’appareil de l’État est-il devenu si puissant que nous sommes contraints d’accepter ses diktats. S’agit-il d’un règlement de compte avec la religion? "
Et comme pour montrer que les laïcistes font fausse route quand ils s'attaquent au christianisme, le RCMO se montre circonspect face à la charte des valeurs, et renvoie l'État à ses obligations à savoir, protéger les mineures, les femmes et les victimes potentielles à l'intérieur même des communautés musulmanes, et affirmer la dignité de la femme dans l'espace public:
" Nous sommes responsables des crimes d’honneur qui surviennent dans notre société. Quant aux signes ostentatoires nous pensons que le niqab et la burqa ne conviennent pas aux femmes du Canada et qu’ils doivent être proscrits." 
" …il n’est pas acceptable qu’on fasse du foulard une obligation sociale ni religieuse. Il ne faudrait pas qu’une femme - quel que soit son âge - soit forcée à porter le foulard puisque c’est du respect de la liberté d’autrui qu’on parle ici. "
Plus loin dans ses recommandations le mémoire du RCMO parle:
" ...d'interdire le foulard islamique aux mineures dans l'espace public (...), de signaler les abus parentaux à la direction de la protection de la jeunesse (DPJ) plutôt que de les tabletter. D'informer le public des plaintes et des anomalies dans nos écoles, nos prisons afin de sensibiliser la population. "
Autrement dit de ne pas désinformer le public en camouflant les problèmes. Et pour ce qui est de la charia qui fait de la femme un être humain inférieur:
" ...de refuser le pluralisme juridique, l'État étant obligé de protéger les femmes contre la violation de leurs droits au nom d'une religion (l'islam). Toute application d'un code étranger (islamique) de la famille est inacceptable, car le droit à la différence ne doit pas aboutir à une différence des droits. "
L'État doit écarter le relativisme culturel et ne pas se laisser intimider par les islamistes et leurs idiots utiles, car il a l'obligation de défendre et de protéger les plus faibles et les plus vulnérables, c'est à dire les fillettes, les adolescentes et les femmes musulmanes contre les abus de toutes sortes (voile, excision, mariage forcé, polygamie, violence familiale et conjugale). Ce faisant il les affranchira, du moins en partie, de la tyrannie islamiste et du contrôle de leur communauté.


Aux yeux du RCMO cet objectif est de loin plus important que l'élimination de tout signe religieux ostentatoire chez les employés de l'État et pour cause, cette disposition de la charte qui confine la laïcité aux limites étroites des institutions étatiques, donne au gouvernement l'impression d'avoir mis fin à l'intrusion de la religion dans l'espace public, elle le dispense par le fait même de ses obligations envers les citoyens victimes d'abus découlant de pratiques culturelles ou religieuses.

Mais le RCMO ne se limite pas à rappeler à l'État ses devoirs envers les citoyens. La protection de la société est aussi importante. L'islamisme menace la société québécoise dans son ensemble, l'islamisation est en marche et elle ne lésine pas sur les moyens:
"...le bruit court que beaucoup de familles voilent leurs femmes à cause d’un revenu pécuniaire. Si cela s’avérait exact il serait primordial de vérifier la source de ce financement et le but non avoué de propager une tradition soi-disant religieuse dans un but caché de ghettoïser un groupe de citoyens avec l’intention future de s’en servir à des fins politiques. La transparence profite à tous et le secret cache toujours des irrégularités nocives. Accepterons-nous que des motifs politiques occultes fleurissent dans notre société et que dans un avenir proche nous nous retrouvions à subir des bombes et des attentats? "
La violence islamique n'est que la pointe de l'iceberg de l'islamisation, elle est également son aboutissement logique et sa consécration ultime. Attendre que des actes violents soient commis pour réagir est irresponsable, il faut agir à la source du mal. L'argent joue un rôle important dans l'islamisation, plusieurs familles voilent leurs femmes pour recevoir de l'argent, les dizaines de mosquées qui sont sorties de terre dans la grande région de Montréal ne sont pas financées par les fidèles, l'argent vient de loin, et il est sans doute utile d'enquêter pour savoir qui finance les mosquées et qui paye les salaires des imams qui fanatisent les musulmans. La «liberté religieuse» ne constitue pas une excuse au laisser-faire, les catastrophes du passé sont là pour nous le rappeler:
Des tours jumelles à New York en septembre 2001 à l’explosion du marathon de Boston en avril 2013 les fondamentalistes islamistes qui se sont retournés contre notre société nous ont fait du mal. Allons-nous permettre qu’ils soient en plus subventionnés sous nos yeux? L’État a le devoir de répondre à ces questions maintenant, pas après-coup, car dans ces conditions le port du foulard islamique n’est pas acceptable
Autrement dit l'État doit se sortir la tête du sable et cesser de distinguer le terrorisme de l'intégrisme qui le nourrit. S'il n'y avait pas d'intégrisme, le terrorisme n'existerait pas, l'un ne va pas sans l'autre, et il est illusoire de lutter efficacement contre le second si on laisse le premier se développer en toute liberté. Dans ce contexte le voile est inacceptable du fait qu'il est imposé par les intégristes et qu'il leur sert d'étendard et de démonstration de force. 


Le RCMO reconnaît le droit à la différence, il est l'expression de la liberté individuelle. Certains groupes d'immigrants ne jouissaient pas d'un tel droit dans leurs pays d'origine, mais au Québec ils peuvent s'en prévaloir, cependant:
Les québécois nés ailleurs doivent faire la distinction entre les droits politiques dont ils jouissent et les droits historiques qui appartiennent aux québécois de souche...
Cette affirmation constitue une hérésie dans certains milieux pour qui les Québécois de souche sont les seuls à ne pas détenir le droit de conserver et encore moins de modeler leur pays et leur société à leur image. L'ouverture à l'autre, en tant qu'obligation morale à la charge des seuls Québécois, devient à cette occasion synonyme d'abstraction ou même d'effacement de soi. Les droits historiques comprennent les droits culturels et religieux, soit la visibilité du christianisme dans l'espace public, la protection du patrimoine et sa transmission aux générations futures.

Les islamistes, aidés en cela par les multiculturalistes et les adeptes de la haine de soi, se permettent de traiter les québécois «d'immigrants». Entendre par là qu'ils ne se distinguent pas des autres immigrants, et qu'ils ne détiennent aucun droit historique. Mais les islamistes ne disent pas tout, ce qu'ils taisent au public mais qu'ils prêchent dans les mosquées est révélateur: le Québec, comme tout pays non-musulman fait partie de dar el harb (le lieu de la guerre ou du jihad offensif), du fait qu'il est désigné par Allah comme un lieu d'incroyance (kufr). Les incroyants (les kouffars) sont pires que les bêtes, les musulmans doivent les éviter et surtout ne pas entretenir avec eux de relations, à moins de les convertir à l'islam. Allah a promis aux musulmans de leur donner en héritage la terre des incroyants, en attendant que se réalise la promesse, les musulmans doivent limiter au stricte nécessaire leurs rapports avec les Québécois.

En conclusion

Les chrétiens originaires du Moyen-Orient ont de bonnes raisons de douter de la volonté du gouvernement de s'adresser aux vrais problèmes, en cela ils ne sont pas plus enthousiastes que les Pinault-Caron, Ferid Chikhi et Fatima Houda-Pépin face à la charte des valeurs. Pour eux le projet de loi 60 n'est rien d'autre qu'un outil législatif qui permet de masquer les symptômes sans s'attaquer à la maladie. L'État québécois possède déjà les moyens de lutter contre l'intégrisme mais il craint de les utiliser, sans doute de peur d'être accusé de racisme et d'islamophobie. Lutter contre l'intégrisme islamique c'est sortir de sa zone de confort et courir le risque de commettre des erreurs, cela prend du courage et beaucoup de conviction; et c'est là où le bât blesse car nos politiciens, à l'exception de quelques-uns comme Fatima Houda Pépin, en sont malheureusement dépourvus.

Le projet de loi 60 aura eu au moins le mérite de lancer le débat et de soulever le couvercle sur des réalités qui dérangent. Il a contraint certaines personnes pour ne pas dire certains partis politiques à ôter le masque. Il a fourni l'occasion pour d'autres à manifester leur attachement et leur loyauté au Québec. Il a surtout permis à la population du Québec d'exprimer ses appréhensions face aux dangers de l'islamisme; désormais les politiciens, les journalistes et les bien-pensants ne pourront plus faire mine d'ignorer les sentiments des Québécois sur le sujet.

Et je termine par cette phrase tirée du mémoire du Rassemblement des Chrétiens du Moyen-Orient, elle n'est pas éloignée de la conclusion de Claude Pinault, puisqu'elle exprime ce qui devrait en premier lieu préoccuper nos décideurs politiques:

L’avenir du Québec est précieux pour notre devenir et celui de nos enfants!








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