Le «timing» n'aurait pu être plus parfait pour le lancement de ce livre de Blandine Soulmana qui se veut un portrait international des différentes et coutumes qui dérangent. «Jusqu'au où ira-t-on dans les accommodements?», s'interroge-t-elle.
Ce livre, intitulé tout simplement Ces différences et coutumes qui dérangent a été écrit en collaboration avec la Chestervilloise Monique T. Giroux.
Blandine Soulmana, qui est installée à Victoriaville depuis une dizaine d'années maintenant, a senti le besoin de s'exprimer sur cet épineux sujet qui fait la manchette depuis plusieurs semaines, surtout avec le projet de charte du gouvernement québécois.
«En tant qu'immigrante, moitié arabe moitié française, j'ai la pratique. Monique, en tant que «pure laine», a sa théorie sur le sujet, explique Blandine. Par contre, ce que nous souhaitons toutes les deux pour le Québec se rejoint au-delà de nos différentes qui deviennent complémentaires».
Le livre arrive donc à point et permettra au lecteur d'avoir une vue d'ensemble sur les origines des coutumes et les différences ethniques qui suscitent de plus en plus de controverse au Québec.
«Nous avions l'idée, mais initialement le livre devait sortir dans un an seulement», ajoute l'auteure. Toutefois, depuis la fin de l'été, le débat a incité à aller rapidement afin de lancer le livre cette semaine.
Dans ce livre, après avoir fait une nomenclature impressionnante d'accommodements accordés (congés pour fête religieuse, permission de stationner, port du foulard dans les écoles publiques, etc.), Blandine n'hésite pas à prendre position. «On peut discuter et négocier pour des accommodements respectueux des droits et libertés, et qui tiennent compte de l'intégration, mais quand les différences et coutumes sont imposées, briment ou font souffrir, il faut les proscrire vigoureusement».
Blandine insiste sur le fait que lorsqu'elle est arrivée au Québec, elle a été bien accueillie et s'est rapidement intégrée. «Mon père m'a inculqué la valeur du respect et me disait que lorsque tu arrives dans un autre pays, c'est comme quand tu entres dans la maison d'un autre. Si tout le monde enlève ses souliers, tu enlèves les tiens, sinon tu n'entres pas…», a-t-elle expliqué tout simplement. La comparaison est simple et facile à comprendre. Mais encore faut-il que les gens remarquent qu'il faut enlever ses souliers, d'où l'importance, selon Blandine, d'établir des règles claires.
«Devant certains constats aberrants, je me pose des questions à savoir si les personnes qui choisissent de venir s'établir au Québec sont suffisamment informées qu'elles vivront dans une société laïque qui prône l'égalité entre les sexes? Si elles sont au courant qu'ici, pour la majorité des gens, voiler les femmes est perçu comme une attitude machiste, de soumission et de repli?»
Elle ne mâche pas ses mots lorsqu'il est question du port du voile et personnellement, elle irait bien plus loin que l'interdiction du port dans la fonction publique. «Ça m'enrage de voir des femmes voilées. J'ai vécu dans des pays arabes, j'ai vécu avec des musulmans et je crois que les femmes qui choisissent ici de porter le voile devraient, par solidarité avec les autres, choisir de ne pas le porter», croit-elle.
Blandine fait aussi remarquer qu'au Québec les gens sont trop tolérants et sur la défensive. «Vous devriez vous affirmer et mettre des limites. La ligne est mince entre la tolérance et le laxisme», ajoute-t-elle.
Depuis toujours, celle qui est aujourd'hui conférencière et auteure n'a pas la langue dans sa poche. Elle considère qu'il est important que quelqu'un se lève et dise tout haut ce que plusieurs pensent tout bas. «Une fois que j'ai une opinion bien arrêtée il m'est difficile, voire impossible de me taire. De plus, au risque de me répéter, le silence est le meilleur complice des pires horreurs», écrit-elle dans son livre.
C'est pourquoi elle souhaiterait que les musulmans bons et respectueux du Québec (et heureusement il y en a beaucoup estime-t-elle) se lèvent et prennent la parole.
Le respect est d'ailleurs un mot qui revient souvent dans les paroles de Blandine puisque c'est une valeur prioritaire pour elle. «Si toutes les demandes doivent être considérées, il va de soi que les accommodements accordés doivent tenir compte des valeurs de la société d'accueil».
Un portrait complet et documenté
Le livre de 150 pages fraîchement publié est rempli de témoignages et des exemples trop nombreux d'abus faits, surtout aux femmes à cause de traditions ou de croyances religieuses qui peuvent se traduire par des demandes d'accommodements. Blandine a même inclus son expérience personnelle, elle qui s'est mariée à un musulman et s'est fait enlever son fils par ce dernier. Heureusement aujourd'hui, malgré les expériences de vie difficiles, elle a toujours le goût de vivre, de parler et de partager avec les autres.
Les mariages forcés, les sévices et mutilations sexuelles, les crimes d'honneur, les enfants soldat, les enlèvements d'enfants sont expliqués et sérieusement documentés avec, en fin de livre, des conseils pour éviter le pire. «Parce que l'information c'est le pouvoir», réaffirme Blandine qui espère, avec ce livre, ouvrir les horizons des lecteurs.
Son livre est maintenant disponible et publié par Béliveau éditeur. Pour en savoir plus sur Mme Soulmana, on peut visiter son site Internet logé au www.blandine-soulmana.com.
http://www.lanouvelle.net/Culture/2013-11-18/article-3485711/Accomodements-%3A-Blandine-Soulmana-sexprime/1
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