mercredi 29 janvier 2014
Couillard met en garde le Québec contre la volonté de se distinguer
Saint-Félicien — Le chef libéral Philippe Couillard a prévenu que le Québec ne peut choisir un modèle de diversité qui se distingue de ses voisins en Amérique du Nord, comme le propose le Parti québécois avec la charte des valeurs, sans risquer d’en pâtir sur le plan économique.
« Nous ne sommes pas en Europe. Nous ne sommes pas des Européens déplacés. Nous sommes des Nord-Américains et nous fonctionnons dans un contexte nord-américain », a affirmé Philippe Couillard en marge du caucus de son parti. « Les sociétés nord-américaines, par nature, sont diverses. La nôtre devient également de plus en plus diversifiée. »
Selon lui, les investisseurs étrangers, avant de placer leurs billes au Québec, tiendront compte de « la façon dont cette diversité est gérée, non pas comme source de tensions ou de divisions, mais comme un actif pour la société et une source de prospérité ». Cela fera partie des multiples facteurs qui seront évalués, a-t-il précisé.
« La diversité chez nous, ce n’est pas une menace. Nous ne sommes pas menacés au Québec », a-t-il insisté.
Le chef libéral, qui croit réelle la possibilité que Pauline Marois déclenche des élections sous peu, juge que la population sera placée devant un choix entre « deux modèles de société complètement différents » : le Parti libéral misera sur la croissance économique pour assurer le financement adéquat des services publics. « Sur le plan social, alors que d’un côté, le gouvernement divise, nous, on veut rassembler. On veut créer une identité québécoise, maintenir et promouvoir une identité québécoise qui rassemble tous les Québécois », a-t-il fait valoir. Philippe Couillard proposera un projet de société « qui envoie le message que nous, les Québécois, nous sommes forts, confiants ».
À ses yeux, le projet du PQ « est largement basé sur l’humiliation, la peur, le retrait — on est des assiégés, le monde entier nous en veut, on a peur des autres ».
Le déclin démographique au Québec est amorcé et l’accroissement du nombre des ménages provient « très largement » de l’immigration, a signalé le chef libéral qui a dit citer les plus récentes statistiques.
Les libéraux sont en mode électoral, a reconnu Philippe Couillard. Au caucus, huit candidats ont été présentés aux députés.
Même si par les temps qui courent le chef libéral parle beaucoup de la charte des valeurs, il voudra éviter de se laisser entraîner sur ce terrain lors de la campagne électorale. « On va en parler mais on ne fera pas notre campagne là-dessus. On va faire campagne sur l’économie, l’emploi, la richesse collective des Québécois. »
La position libérale sur la charte des valeurs, qui comprend le maintien du crucifix au Salon bleu de l’Assemblée nationale, est maintenant connue. « Cette question, pour nous, c’est réglé », a-t-il soutenu.
Plusieurs députés libéraux jugent d’ailleurs que la défense du crucifix manifestée par leur chef, Philippe Couillard, se traduira par des votes pour leur parti à la prochaine élection générale.
À l’entrée du caucus libéral, le député de Maskinongé, Jean-Paul Diamond, a dit croire que « les gens veulent garder le symbole », particulièrement dans les circonscriptions rurales comme celle qu’il représente. « Je suis dans un comté rural, c’est excellent », a-t-il indiqué en parlant de la position du Parti libéral du Québec qui vient de trancher : le crucifix, accroché au Salon Bleu par Maurice Duplessis en 1936, y restera.
Dans le débat sur la charte des valeurs, s’engager à conserver le crucifix au Salon bleu, « ça fait une différence » dans sa circonscription, estime le député chevronné, dans un contexte où une majorité de ses électeurs sont pour la charte. « Il y en a qui sont pour, il y en a qui sont contre, mais la plupart sont pour la charte », a-t-il affirmé.
Pour le député de Mégantic, Ghislain Bolduc, cette défense du crucifix aura « un effet positif » pour les libéraux même s’il avance que la charte des valeurs ne suscite pas d’intérêt « dans nos régions ».
« On va parler maintenant de choses réelles », a soutenu Philippe Couillard, déplorant « que l’on consacre 250 heures de travaux de l’Assemblée nationale à un enjeu largement théorique et une fiction du Parti québécois ».
« Il n’y a aucun policier qui porte de signes religieux alors qu’il y a 350 000 chômeurs au Québec », a martelé le chef libéral.
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Crucifix : un « flip flop » électoraliste de Couillard, selon la CAQ
Le chef de la Coalition avenir Québec, François Legault, voit dans le « flip flop » de Philippe Couillard une manoeuvre bassement électoraliste. « Ce n’est pas très fort », a-t-il lancé mardi après-midi.
Cela dit, le chef du deuxième groupe d’opposition s’est dit « content » de la profession de foi libérale en faveur du maintien du crucifix dans le Salon bleu. « On a toujours été d’accord pour garder le crucifix au Salon bleu », a souligné M. Legault. Pourtant, la députée Nathalie Roy indiquait la semaine dernière que la CAQ appuierait le retrait du crucifix de l’Assemblée nationale si la « majorité des Québécoises, des Québécois » le demandait. « Écoutez, si les gens veulent qu’on le déplace, on le déplacera », a répété l’élue caquiste en commission parlementaire.
Selon M. Legault, une élection référendaire sur le projet de charte de la laïcité profiterait au Parti québécois. « Le plus vite [la première ministre Pauline Marois] déclenche des élections, on garde le focus sur la charte. C’est ce qu’elle souhaite. [Mais] on ne parlera pas seulement de la charte », a-t-il averti.
Source : Le devoir
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