par Rakia Fourati, membre fondatrice de la Ligue tunisienne de la défense de la laïcité et des libertés (LDLL) et membre de l’association Égalité et Parité
Mémoire personnel de Rakia Fourati, membre fondatrice de la Ligue tunisienne de la défense de la laïcité et des libertés (LDLL) et membre de l’association Égalité et Parité, présenté devant la commission parlementaire sur le projet de loi 60.
Mon objectif est de combattre l’islam politique là où il essaie de prendre naissance, de dénoncer son idéologie et de contrecarrer ses objectifs.
Chères et chers députéEs et distinguéEs membres de la commission des institutions. Permettez-moi de me présenter. Je m’appelle Rakia Fourati, 61 ans, d’origine tunisienne et de confession musulmane. Je suis membre fondatrice de la Ligue tunisienne de la défense de la laïcité et des libertés (LDLL) et membre de l’association Égalité et Parité.
Née en 1952, j’ai vécu jusqu’à 1971 en Tunisie, j’étais musulmane pratiquante avant de découvrir les faces cachées de l’islam politique. J’ai vécu 10 ans à Paris, en 1980 j’ai quitté la France pour l’Arabie Saoudite où j’ai travaillé sept ans dans le domaine psychosocial. J’ai fréquenté l’Égypte depuis 1973, par l’intermédiaire de mon ex-mari qui est égyptien, jusqu’en 1992. Depuis 2002, je vis entre le Canada et la Tunisie.
Je suis fière d’être une cosignataire de la lettre des 20 « Janette » qui soutiennent la charte affirmant les valeurs de la laïcité, et de neutralité religieuse de l’État ainsi que d’égalité entre les femmes et les hommes et encadrement des demandes d’accompagnement.
Je vais parler dans mon mémoire de l’islam politique, du foulard islamique et des signes ostentatoires, et de la montée des violences à l’égard des femmes au nom de l’islam.
Islam et islamisme
J’ai fui les pays où j’ai vu naître la montée des islamistes, je connais bien actuellement leurs intentions politico-religieuses et leurs objectifs. Si je leur ai tourné le dos pour venir vivre au Québec, ce n’est pas pour les subir ici. Et si je viens témoigner, c’est pour préserver les Québécoises et les Québécois du danger qu’ils encourent s’ils ne prennent pas des mesures fermes et strictes pour sauvegarder les libertés fondamentales et les droits de la personne humaine du Québec. J’espère vous convaincre que la charte des valeurs et de la laïcité reste notre seul salut.
Il y a une grande différence entre l’islam et l’islamisme. Le premier repose sur une croyance verticale entre l’être humain et son créateur, sans aucun intermédiaire, et le deuxième repose sur une volonté politique de tout assujettir à une Autorité religieuse, créée par les Hommes et se faisant le Porte-parole de Dieu (Allah). L’islamisme veut s’imposer non seulement dans les pays où l’islam est religion de l’État, au détriment des autres religions pratiquées (judaïsme et christianisme par exemple), mais il veut aussi imposer la Charia dans les pays laïcs, tels que l’Angleterre, le Canada, la Belgique… Les islamistes veulent se répandre et propager une haine des femmes et des enfants contraire à l’esprit libéral du Coran.
Les musulmans et les islamistes ont tous deux comme référence le Coran et la charia, sauf que les musulmans, progressistes et démocrates veulent s’inspirer de l’esprit « moderne » de l’islam alors que les obscurantistes wahabites veulent le garder tel qu’il a été « pratiqué » depuis 14 siècles, en l’imposant par la force dans tous les pays laïques, démocrates et libéraux qu’ils traitent « d’apostats ».
Ce qu’il faudrait savoir, c’est qu’il n’y a pas une charia mais plusieurs charia : il y a autant de charia que de pays musulmans et ce sont les Hommes qui élaborent la loi religieuse et non Dieu ; cette charia n’est pas « une » mais plurielle (L’Islam, les Femmes et la violence, de Saloua Charfi) et émane non du Coran, mais de l’interprétation des Hadiths où se mêlent le vrai et le faux. Même au Canada, ils divulguent des discours de haine contre les femmes via leurs prédicateurs obscurantistes, leurs imams dans les mosquées et les 750 chaînes télévisées islamiques. Cet enregistrement est un exemple de propos ahurissants de l’imam Selmoun propagandiste de la charia à Montréal. (1)
L’instrumentalisation qui a été faite de l’islam par les intégristes lui a ôté toute sa teneur essentielle, profonde et spirituelle pour la limiter à la soumission de la femme et à certains signes ostentatoires (voile, barbe...) et est sans fondement. Les islamistes ne veulent pas s’adapter à la modernisation, au contraire, ils veulent adapter la société dans laquelle ils vivent à leur politique religieuse et à la charia. Pour défendre mon point de vue, je vous présente ce beau témoignage du père Boulad diffusé en France et au Québec. (2)
Ce sont ces mêmes islamistes qui refusent l’adaptation et qui combattent la charte de la laïcité au Québec. Certes, actuellement ils ne sont pas nombreux, ils ne représentent qu’une minorité, mais une minorité dérangeante et bruyante hostile aux droits humains et en particulier à la femme, en attendant de se multiplier et d’atteindre des millions comme en Europe.
Je trouve que la charte proposée ne va pas assez loin pour garantir un avenir sécurisant pour le Québec. Je suggère une immigration plus étudiée et plus sélective, aussi bien sur le plan professionnel que sur le plan moral et psychologique, prenant en considération la capacité et la volonté de chacunE à vouloir s’intégrer en respectant les droits de toutes et de tous. L’islam est une religion d’ordre privé et individuel et non une praxis démocratique dont le fondement est la séparation du politique et du religieux. La laïcité permet à chacune et à chacun d’exercer la religion de son choix. Les nouveaux et nouvelles immigrantEs doivent s’engager à respecter les droits de la personne et la laïcité de l’État.
Le foulard islamique et les signes ostentatoires
Avant de parler des signes religieux ostentatoires, j’aimerais vous faire remarquer que les musulmans, en l’an 711, quand ils ont occupé l’Espagne ont instauré une taxe aux non-musulmans appelée « la fidya ». Cette taxe mettait les juifs et les chrétiens sous la protection du gouvernement musulman à la condition qu’ils ne portent pas de signe religieux en société. Cette même loi créée il y a plus de douze siècles par le Califat omeyyade est contestée en 2013 par les islamistes…
En Turquie, en 1926, Atatu_rk a interdit le voile après son inoubliable discours : « Mais pourquoi nos femmes s’affublent-elles encore d’un voile pour se masquer le visage, et se détournent-elles à la vue d’un homme ? Cela est-il digne d’un peuple civilisé ? Camarades, nos femmes ne sont-elles pas des êtres humains, doués de raison comme nous ? Qu’elles montrent leur face sans crainte, et que leurs yeux n’aient pas peur de regarder le monde ! Une nation avide de progrès ne saurait ignorer la moitié de son peuple ! » La Turquie est un pays à 97% de musulmanEs, sa constitution est laïque depuis 1924 et la femme ne porte plus le voile dans les fonctions publiques depuis des dizaines de décennies…
J’étais jeune quand, en 1956, Bourguiba, notre premier président, à l’instar de Atatu_rk, a interdit le voile en Tunisie. Cette interdiction n’a pas eu d’impact sur la croyance populaire des Tunisiennes, au contraire, les Tunisiennes ont su faire la différence entre l’islam intégriste et l’islam progressiste, pourtant la génération de ma mère était plus conservatrice mais ouverte à l’émancipation.
Actuellement et depuis l’arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie, les acquis de la femme, dont elle était fière depuis 50 ans, sont menacés. Tous les imams, oulémas et érudits (y compris actuellement la grande école islamique de El Azhar en Égypte) ont démontré que le foulard n’est pas une loi coranique EXPLICITE et que l’interprétation varie selon chaque école islamique.
Le voile, le hidjab, la burka, le tchador, le foulard, l’ybaya, le nikab sont les étendards de ces différents fléaux religieux, ils nous révèlent l’origine idéologique qui justifient leurs provenances et leurs sources de financement (Arabie Saoudite, Qatar, Iran, etc.). Ces étendards sont différents dans leur forme, mais ils véhiculent tous le même message de la soumission de la femme à l’homme. Penser que le hidjab qui couvre uniquement les cheveux est une « tenue vestimentaire », comme l’a avancé Madame Fatima Houda-Pepin , c’est « justifier l’esclavage des traditions », comme l’explique Mme Faiza Skandari, militante tunisienne des droits de la femme et présidente de l’association Parité et Égalité en Tunisie. Mme Houda-Pepin rajoute que « le voile n’est pas un symbole religieux ». L’objectif de la charte des valeurs est l’égalité et la neutralité de l’État et des institutions quelles que soient l’origine ou l’interprétation (sociale, religieuse, vestimentaires ou autres) des signes ostentatoires.(3)
L’homme impose le port du voile à la femme pour l’exploiter et l’humilier afin qu’elle ne revendique plus de droits, au nom de l’islam et souvent à tort, dans un contexte limitatif de cette religion : le droit au divorce (stipulé dans le Coran avec une pension alimentaire (Sourate des femmes), l’égalité dans l’héritage, l’excision (inexistante dans le Coran)… Beaucoup de confusion entre religion et traditions diverses … Une grande ignorance légitimant de nombreuses violences contre les droits des femmes.
En Égypte, en Tunisie, en Algérie, en France, en Belgique et en Grande- Bretagne, dès que le nombre des islamistes est devenu important, les femmes voilées se sont mobilisées en groupe de deux ou trois pour faire du porte-à-porte et amener leurs compatriotes à se couvrir. Leur pouvoir de persuasion est grand, elles savent parler aux femmes selon leur niveau culturel, politique ou social. Soutenues par les imams et payées par les pays du Golfe, elles apprennent les mots qu’il faut dire pour convaincre les hésitantes, elles proposent aux plus démunies une aide financière, à d’autres le paradis, et promettent aux désespérées de résoudre leurs problèmes.
Au nom de la laïcité et des droits de la personne, j’aimerais que les féministes du Québec qui défendent le port des signes ostentatoires sachent que le bout de tissu sur la tête véhicule le statut humiliant de la femme dans l’islam, tous ses droits bafoués au nom des religions ainsi que sa soumission à l’homme.
Le voile pour ces femmes n’est pas un problème ni de religion ni d’identité, comme elles veulent bien le faire croire, mais un signe ostentatoire où se mêlent une négation d’intégration et un rejet d’autres valeurs et principes fondamentaux inscrits dans la CEDAW (Convention pour l’élimination de toutes formes de discrimination contre les femmes), qui fait l’objet d’une campagne de dénigrement de la part des Frères musulmans. Notre association Égalité et Parité entame séminaire dans toutes les régions en Tunisie pour dire oui à l’égalité, oui à la CEDAW et la faire connaître.
Si je suis venue vivre au Québec, c’est pour être mieux considérée, pour fuir les islamistes, oublier l’humiliation que véhicule le foulard, pour améliorer mon mode de vie, pour m’intégrer à la société que j’ai choisie, pour défendre ma dignité de femme tunisienne démocrate et progressiste. Si j’ai choisi le Québec, c’est pour ne pas être servie par une femme voilée qui me considère apostat parce que je ne porte pas le foulard, ni par une administratrice qui me rejette parce que je suis une femme libre et démocrate, ni un fonctionnaire qui me dédaigne parce que je suis une « renégate ».
Si j’ai choisi le Québec, c’est pour être une femme libre dans un pays laïque, inclusif et égalitaire comme le réclame la charte.
Port du voile et enfance massacrée, une atteinte majeure à déclaration des droits de l’enfant
Le foulard est imposé aussi aux petites filles à partir de l’âge de 5 ans. Plus elles s’habituent jeunes à le porter, plus elles auraient des difficultés à s’en passer. Il devient une composante de leur schéma corporel, elles vivent et grandissent avec, l’enlever après plusieurs années c’est avoir la sensation de sortir nue.
Sur le plan psycho-moteur, il est essentiel que l’enfant découvre son corps : or le voile restreint ses mouvements, lui fait croire que son corps est tabou et tue son innocence. Ajouter à ça le lavage de cerveau que ces petites filles subissent dès leur jeune âge. C’est criminel d’obliger ces petits anges à se voiler et à renier leur corps. Il est difficile de croire que la fille choisit de se voiler de son propre gré à cet âge précoce, comme prétendent « les pseudos féministes islamistes ».
D’ailleurs, si le voile est fait pour ne pas attirer le regard des hommes, quel homme normalement constitué serait confus en regardant une petite fille de 5 ans !!?? D’où la nécessité d’épargner aux filles ainsi qu’à leurs éducatrices le port du voile dans les jardins d’enfants, les écoles et les lycées. Cette vidéo témoigne du lavage de cerveau et de ce que ces filles endurent dans les jardins islamistes. (4)
La montée des islamistes au Québec
Généralement, dans les pays occidentaux, les immigrantEs trouvent des difficultés d’intégration qui les rendent vulnérables, leurs références identitaires se fragilisent et ils et elles deviennent des cibles faciles pour les islamistes qui en profitent pour leur offrir un modèle de vie micro-communautaire séparatiste, basé sur la religion et la haine des non-croyantEs. Les imams en majorité financés par les pays du Golfe et appuyés par les réfugiéEs islamistes à l’étranger, qui ont fuit les régimes anti-islamistes chez eux, ont comme mission de répandre l’islam et la charia au Québec et dans le monde : ils recrutent donc des adeptes, forment des jeunes pour le jihad et radicalisent les musulmanEs. Ils passent ainsi de citoyennes et citoyens français, canadiens ou autres à des co-citoyenNEs islamistes. L’appel des islamistes au « jihad » (la guerre sainte) est effrayant et inquiétant comme le prouve cette vidéo. (5)
La charte vient proposer un plan socio-politico-culturo-démographique qui ne vise pas directement le présent, mais qui se projette dans un avenir, neutre institutionnellement et égalitaire socialement.
Si je suis venue vivre au Québec comme des milliers d’autres musulmanes démocrates, progressistes, laïques, c’est aussi pour dénoncer ces agissements (tolérés par certainEs QuébécoisES) et avertir nos concitoyennes et concitoyens du danger de l’islamisme qu’on a subi ailleurs et qu’on est venu fuir ici. Surtout que le Québec devient vulnérable en se déchristianisant pendant que l’islamisme y fait une poussée fulgurante. La France et la Grande-bretagne, comme d’autres pays d’Europe, ont accueilli les islamistes au nom de la démocratie et des droits des libertés, sans balises ni lois pour protéger la laïcité. Aujourd’hui la France compte 5 millions de musulmanEs et la Grande-Bretagne 3 millions, et toutes deux souffrent d’un islamisme radical qu’elles ne peuvent plus combattre de peur de représailles et d’être taxées d’islamophobes et racistes. La charte veut que le Québec reste un pays d’accueil mais avec des balises claires afin d’assurer à toutes ses citoyennes et à tous ses citoyens une vie égalitaire, neutre et juste.
De 1984 à 2004, la France a perdu beaucoup de temps avant d’interdire les signes ostentatoires. Cette perte de temps a été bénéfique aux islamistes. Elle leur a laissé l’opportunité de s’organiser, de s’implanter et de s’imposer dans toutes les institutions telles que les écoles, les lycées, les administrations. Actuellement les tribunaux islamistes appliquant la charia se multiplient de plus en plus dans ces deux pays, les écoles coraniques aussi, et les mosquées qui servent de QG (quartier général) grouillent d’islamistes et d’intégristes appelant à la guerre sainte (le jihad).
Quand ces pays d’Europe ont voulu se rattraper et interdire aux islamistes ces libertés anti-laïques, ils ont été traités de racistes et d’islamophobes. Cette vidéo enregistrée en Belgique, vous convaincra de la dangerosité de l’islamisme. (6)
Au Québec ce phénomène d’islamisation sociale commence à prendre pied de la même façon et selon la même procédure suivie dans les autres pays. Faut-il qu’on en arrive au stade de l’Europe pour que le Québec bouge et adopte des lois adéquates pour sauvegarder sa laïcité ?
Conclusion
Celles et ceux qui, au nom de la liberté, défendent le foulard, défendent aussi l’idéologie islamiste que le foulard véhicule, qui consiste à dire : « Si tu ne me laisses pas couvrir la femme, si tu ne me laisses pas hériter du double de sa part, si tu ne me reconnais pas supérieur à elle, tu es homophobe, tu es raciste, tu es exclusif... si tu laisses la femme libre, si elle peut témoigner, si elle est mon égale, tu es corrompu, drogué et tu n’as pas de valeurs sociales... »
On aime toutes et tous le Québec, sa culture, ses principes et ses valeurs. C’est ainsi que la charte des valeurs ne doit pas être comprise comme réaction au présent, mais comme prévention de l’avenir. Elle est préventive et essentielle pour garantir la neutralité, l’objectivité et la laïcité d’un Québec libre, égalitaire et juste.
L’inclusivité et l’intégration ne peuvent se faire qu’avec l’abolition de tous les signes ostentatoires au sein des institutions publiques, car ces signes ostentatoires constituent une limite à l’exercice des droits de la personne et peuvent nous différencier, nous condamner et nous séparer.
Mesdames et Messieurs, merci de votre écoute.
Notes
1. Lien.
2. Lien.
3. Lien.
4. Lien.
5. Lien.
6. Lien.
vu ici
Mémoire présenté le 21 janvier 2014 à l’Assemblée nationale du Québec. Cliquez sur l’icône ci-dessous pour le télécharger en PDF.
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