Les IPLI appuient le principe de la laïcité mais rappellent qu'elle n'est pas en elle-même le gage de l'égalité homme-femme. La France, pionnière de la laïcité en 1905, fut néanmoins presque le derniers pays en Occident à reconnaître le droit de vote des femmes, en 1944, rappelle Rosa Pires, vice-présidente et co-porte-parole des IPLI.
« L'argument de l'émancipation est indémontrable en ce qui concerne les Québécoises de foi musulmane et méprise leur autonomie, ajoute-t-elle. L'application de la Charte aurait l'effet pervers de pénaliser d'abord et surtout des femmes. » Le gouvernement n'a pas étudié non plus les conséquences du débat actuel. « Les dommages seront longs à réparer, ajoute Rosa Pires. De nombreuses femmes québécoises, ainsi que leur entourage, n'oublieront jamais comment elles ont été stigmatisées à partir de l'automne 2013. Des communautés entières, pourtant si proches de la majorité pour des raisons linguistiques et historiques, se sentiront repoussées par le Québec et seront accueillies à bras ouverts par des partis politiques qui ont toujours combattu les aspirations nationales des Québécois », conclut Mme Pires.
Sur l'enjeu essentiel de l'identité québécoise, les IPLI considèrent que le gouvernement s'y prend mal. « Le gouvernement Marois fait la même erreur que le gouvernement Charest avec la Commission Bouchard-Taylor, insiste Robin Philpot, membre de l'exécutif des IPLI. Il se penche sur les questions entourant l'identité québécoise sans aborder celle, fondamentale, du statut politique du Québec. L'identité d'une nation libre se construit avec une batterie de moyens mais, dans la démarche actuelle, on refuse de les considérer. »
Les IPLI récusent la comparaison entre la Charte de la langue française et le projet de Charte des valeurs. « La loi 101, s'appuyant sur une grande quantité d'études sérieuses et un vaste consensus, visait à renverser 220 ans d'injustice linguistique et à nous rassembler par une langue commune, déclare Lamine Foura, qui modérait le point de presse; la Charte des valeurs ne s'appuie sur aucune étude sérieuse et sème la division. Adoptée, elle marginaliserait économiquement et socialement une partie de la population en l'excluant d'innombrables emplois, lieux d'échanges quotidiens avec le reste de la société. »
Sur la question du port de signes religieux, les IPLI recommandent le retrait de l'article 5 et son remplacement par un article interdisant « tout au plus le port de signes religieux aux agents de l'État susceptibles de recourir à la coercition, comme les juges et les policiers. »
« Nous ne croyons pas que, dans la majorité des fonctions, le port de signes religieux par certains employés porte atteinte à la neutralité religieuse de l'État, affirme Jean Dorion. Au contraire, dans la mesure où ces personnes évitent tout prosélytisme et toute forme de favoritisme, nous croyons que c'est l'interdiction de ces signes qui peut porter à croire que l'État n'est pas neutre, mais hostile envers les religions qui les prescrivent, et méfiant envers leurs adhérents. Or, peut-on nous montrer une seule étude sérieuse démontrant qu'au Québec, les employés de l'État qui portent des signes religieux font jusqu'ici, dans leurs fonctions, preuve de prosélytisme ou de favoritisme en fonction de leurs croyances ? Comment peut-on écarter des postes publics des communautés déjà discriminées à l'emploi à partir d'appréhensions dont le bien-fondé n'est démontré par aucune recherche ? Pourquoi ne pas, au contraire, faire confiance au professionnalisme des employés, en mettant ses préjugés de côté ? Le rôle de l'État n'est certainement pas d'endosser l'intolérance envers certaines communautés, mais plutôt de contribuer, par sa propre attitude, à la dissiper. »
« Bien représenter l'État, pour un fonctionnaire, c'est s'acquitter correctement des tâches que l'État lui confie. Il peut le faire avec ou sans foulard, avec ou sans kippa », a conclu Jean Dorion.
On peut consulter le mémoire des Indépendantistes pour une laïcité inclusive sur notre site : ipli.info.
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