La joute politique partisane ne doit pas faire oublier l’essentiel du message de Mme Fatima Houda-Pépin.
«Je refuse toute dérive vers le relativisme culturel sous couvert de religion», écrit la députée de La Pinière. Voilà le cœur de l’affaire.
Pour faire court, il y a une centaine d’années, des anthropologues ont commencé à nous dire : comme les valeurs sont influencées par la culture dans laquelle elles naissent, il faut comprendre cette culture pour comprendre ces valeurs et les pratiques qui en découlent.
Jusque-là, pas de problème. Malheureusement, nous avons glissé.
Partout en Occident, des gens s’interdisent maintenant de poser que certaines valeurs ou pratiques puissent être préférables à d’autres, justement sous prétexte qu’elles viennent d’ailleurs.
Pour la personne qui commet ce glissement, le mot le dit, tout devient «relatif». Plus rien n’est absolu. Tout est affaire de culture d’origine, de goût personnel, d’opinion, d’identité individuelle. Chacun fait comme il veut.
Cette idéologie fait surtout des ravages chez les jeunes. Ils ont tellement intégré son logiciel qu’ils ne s’en rendent même pas compte. Pour eux, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil.
Toute critique de l’islam est de l’«islamophobie». Si vous avez des réticences, elles illustrent votre manque d’«ouverture» et de «tolérance».
Si vous dites qu’il faut parfois envisager d’interdire, alors vous êtes une espèce de nazi.
Cependant, si vous savez vous y prendre, deux minutes suffisent pour leur faire réaliser leurs incohérences.
Ils s’interdisent de juger le voile islamique ou le tchador, et vont jusqu’à ne pas trop savoir quoi penser sur les mariages forcés, la polygamie, la charia, les certificats de virginité ou l’excision.
Ils finissent par dire : «non, pas au Québec, il ne faut pas exagérer». Mais en Afrique ou au Moyen-Orient ? Là, ils sont moins prompts à condamner : «là-bas, c’est pas pareil».
Vous demandez alors : est-ce à dire que le corps de la femme égyptienne mérite moins de respect que celui d’une femme d’ici ? Euh…ben…euh…
Le relativisme culturel a au moins deux effets pervers.
Si une société s’interdit de définir des valeurs dominantes chez elle et de dire ce qu’elle ne tolèrera pas, cette absence de repères communs conduira à la fragmentation sociale et l’ingouvernabilité.
Pire, quand on s’interdit d’interdire, on fait le lit des intégristes religieux, qui utilisent ce refus de juger pour avancer leurs pions.
Ils invoquent leur liberté individuelle pour promouvoir un ordre du jour qui aspire à restreindre les libertés des autres dans le futur.
Ces gens qui veulent la diffusion de leurs vêtements chargés de symbolique religieuse et politique au nom de la liberté refuseront ensuite à leurs femmes, ou à TOUTES les femmes là où ils prennent le pouvoir, la liberté de porter une mini-jupe ou un décolleté si ça leur chante. Leur liberté est à sens unique.
Mme Houda-Pépin a rendu service à tout le Québec.
http://blogues.journaldemontreal.com/facal/journal-montreal-quebec/mme-houda-pepin-et-le-relativisme-culturel/
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